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mercredi 27 avril 2016

L’HOMMAGE DU CRAN A PAPA WEMBA/ Guy Samuel NYOUMSI




Dans le firmament constellé, il existe des étoiles qui brillent plus que de coutume, Papa WEMBA était de celles-là. Né sous la gouverne d’une mère dont la profession de « pleureuse » l’a assurément bercé et accompagné par « ses trémolos » destinés à émouvoir, susciter la douleur, les larmes, voire l’empathie auprès des plus irascibles, Papa WEMBA, immergé dans les vocalises d’un art éprouvé pour toucher l’âme, a suivi son destin : celui d’un artiste hors pair qui a donné à la Rumba, ce rythme syncopé par la caisse claire : « le zaïko Langa Langa », suggestion phonique « du tam-tam africain » dont l’essence cadencée est chevillée dans l’âme de tout africain qui se meut sous le soleil.

               Le rythme, la recherche d’une rythmique originelle transfigurée lors de la traversée du Pacifique, pendant trois siècles de déportation des Noirs, vers des destinations inconnues d’Europe et d’Amérique, où, exilés et dépaysés, ils n’avaient pour souvenir « du Paradis perdu » que le syndrome traumatique du moutonnement des vagues et du mugissement de la mer : « le blues » figuration du « bleu » de l’océan connotant la tristesse, devenu pour la circonstance, le creuset d’inspiration du chant, du « chœur des esclaves »… lorsque retentit le «go down Moses… let my people go » ou le  « sometimes I feel like a motherless child » de Louis Amstrong, la figuration du mouvement des vagues est présent dans les modulations de la voix.

 Le rythme a traversé le temps, s’est décliné avec le temps, s’est ravivé dans le temps, à travers « la parole retrouvée », le dialogue entre les instruments : « le jazz » ; la joie de revivre, de créer, de parler à l’âme de tout africain, grâce aux lignes mélodiques de la voix et aux variantes rythmiques d’une Rumba passant de la lascivité « chaloupée » à la vigueur « syncopée » de ses sonorités et de sa rythmique caractérisait  Papa WEMBA …

               Pour s’être donné corps et âme à la musique et à la chanson que les modulations et envolées sonores de sa voix, ont accompagnées avec une dextérité unique en son genre, Papa WEMBA est de ces rares musiciens qui ont perçu, « les bribes de la musique des sphères », celle rendue inaudible au commun des mortels, pour les préserver « d’une mort certaine » si, par extraordinaire, il leur était donné de l’entendre.

 Cette musique des astres dont on dit qu’elle n’est accessible qu’à ceux qui, parvenus au sommet de leur art, peuvent en entendre les merveilleuses mélodies, est l’apanage des initiés, des artistes créateurs,  maîtres éprouvés  de leur art et pétris de résonances inspirées, venus d’un ailleurs dont ils sont devenus les réceptacles. 
Les maîtres de la chanson et de la musique tels, Michael Jackson, Prince, Whitney Houston, Miriam Makeba, PAPA Wemba entrent dans l’histoire  comme ils ont vécu, avec, grâce et par leur art.   
               Bien plus qu’une déclaration d’amour pour le public qui le séduisait et qu’il savait si bien électriser, la prémonition de sa mort sur scène, est un acte testamentaire, une signature, un accomplissement.

Au-delà des circonstances de son départ de la lumière du jour et des feux des projecteurs, attribuées à une « main noire », PAPA WEMBA demeure un artiste d’exception qui marquera à jamais la musique africaine : c’est sur la scène africaine et devant son public, qu’il quitte la scène…

PAPA WEMBA,

               Que l’étoile du firmament qui t’a inspiré, t’accueille et brille de tous ses feux pour te survivre et inspirer à leur tour les générations d’artistes que ton affabilité, ton humilité et la chaleur de ta voix ont su toucher…

               Salut déférent au Maître ! Chapeau bas à l’Artiste !

Paris, le 27 avril 2016

Guy Samuel NYOUMSI
Vice-président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (Cran) chargé des relations avec l’Afrique et des Affaires internationales.

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