L’affranchissement est une gestion
de l’esclavage. Les esclaves soumis sont libérés théoriquement et exploités à
distance. Les insoumis sont soit souvent vendus soit directement gérés par les
maîtres d’esclaves. Les Maures ont créé le vocabulaire pour désigner les
Haratine (affranchis de l’esclavage).
Les Haratine au pluriel : des
personnes affranchis de l’esclavage maure.
Avec H majuscule, ce mot désigne
l’ensemble de la population haratine. Avec h minuscule, il est utilisé pour
parler d’une partie des haratine et non l’ensemble. Exemple : certains
haratine détiennent des esclaves. Ce mot peut être utilisé comme adjectif.
Exemple : la condition haratine.
La « haratinité »1 est
l’ensemble des valeurs de la personne haratine, de ses conditions de vie, de sa
volonté de se libérer du joug des esclavagistes mais aussi de rétablir sa
dignité bafouée. Cette haratinité permet également de montrer la spécificité de
la personne haratine par rapport aux maures de Mauritanie, ainsi que des
négro-mauritaniens. En effet, les haratine dans leurs coutumes, leurs habitats
(« adwaba »), leurs loisirs, musiques, etc se différencient des
Maures et des noirs de Mauritanie. Malgré la dureté de l’esclavage, les
Haratine ont élaboré une culture et des coutumes différentes de leurs origines
et des esclavagistes maures, exploiteurs et assimilateurs.
Le « haratinisme »2 c’est
l’ensemble des études portant sur la condition des Haratine, de leur histoire,
de leur évolution, leur spécificité, ainsi que le but recherché à savoir la
libération et l’émancipation de l’esclavage et de ses séquelles.
La « haratinisation »3 :
c’est le processus par lequel les Haratine acceptent leurs conditions passées
et présentes, en l’occurrence sortir de leur complexe d’infériorité par rapport
à leur asservissement. L’esclavage est une tare sociale qui créée un complexe
d’infériorité chez les victimes. Se débarrasser de ce complexe et lutter par le
combat, pour retrouver une dignité perdue par les aïeux ou par soi-même. Cette
résilience doit être incitative au combat.
Le stock de prénom réservé aux esclaves
: En général, les «Abid» n’ont pas de noms. Les esclavagistes leur attribuent
des prénoms. Leurs prénoms sont la marque d’infériorité par rapport aux Maures.
Les esclaves affranchis ne changent pas de prénoms. Ainsi, la marque de
l’esclavage demeure.
Prénoms féminins
Les Maures, en général, appellent
souvent les esclaves par leur statut :
Ces prénoms et leurs diminutifs
servent à imprimer dans l’esprit des esclaves, non seulement leur mépris mais
aussi leur infériorité provenant d’une volonté divine, à savoir Allah (Dieu).
Les Maures font croire aux esclaves que leur asservissement est d’origine
divine et que la responsabilité n’incombe pas à l’esclavagiste. Or, on sait que
ni la vente des esclaves, ni le kidnapping, ni les rapts, ni les razzias ne
sont licites aux yeux de l’Islam. Seule une guerre sainte, avec ses règles,
peut engendrer la réduction en esclavage abstraction faite de la couleur de la
peau. L’intellectuel Ahmed Baba du Mali l’a démontré dans ses écrits. Ahmed Baba
a été déporté de Tombouctou au Maroc (aller-retour) derrière les chameaux mais
n’a jamais renoncé à ses convictions.
Les esclavagistes ont des
attitudes ambivalentes vis à vis de leurs esclaves. Pour justifier l’esclavage,
ils font appel à « Allah » (Dieu). Ils disent aux esclaves : « C’est Allah qui
t’a donné à moi ». Par conséquent, le maître d’esclaves dégage sa
responsabilité. En revanche, lorsqu’ils affranchissent des esclaves, ils
insistent pour signifier à ces derniers que leurs actions émanent de leur
volonté propre. Le but est de rendre les affranchis redevables à leurs égards
en vue de continuer leur exploitation. L’esclavagiste affirme ainsi : « c ‘est
moi qui t’affranchis ». Par cette opération, l’esclavagiste oublie que ce que
dit le coran où on exhorte les maîtres d’esclaves à affranchir leurs esclaves
si ces derniers en font la demande ou par piété.
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