L’ORGANISATION DES TRAVAILLEURS MAURITANIENS DE FRANCE
(OTMF) ET LA DIASPORA.
DÉCLARATION CONTRE LES CONDITIONS D’ENRÔLEMENT
Le gouvernement mauritanien a entrepris depuis 2012 un
recensement (ou enrôlement) de sa population. Dans son principe, celui-ci n’est
pas contestable puisqu’il s’agit d’un instrument de politique
publique qui vise notamment à assurer la fiabilité de l’Etat civil dans notre pays.
Toutefois dès le début de l’enrôlement, nous avons
constaté que ce dernier a été systématiquement utilisé à des fins politiques tendant
à écarter notamment la population noire de Mauritanie, toute tendance
confondue, en la mettant en position de présumé étranger dans son propre
pays. C’est ce qui explique les violentes contestations ayant eu lieu en
Mauritanie faisant des victimes en particulier des enfants dont un jeune du nom de
LAMINE
MANGANE SAUVAGEMENT ABATTU PAR DES POLICIERS DE NOTRE
PAYS.
Nous nous inclinons devant sa dépouille et celles des
martyres de la barbarie en demandant que justice soit faite pour la
stabilité et la sauvegarde des acquis sociaux de notre cher pays.
C’est dans ce contexte particulièrement lourd qu’une
commission de recensement a été créée en France. Cette commission logée dans les locaux
de l’Ambassade de Mauritanie a commencé ses opérations d’enrôlement. Mais elles se
sont révélées humiliantes, juridiquement contestables et politiquement
condamnables.
En France, en Europe, aux Etats-Unis et partout dans
le Monde, les conditions de l’enrôlement sont contestables car elles conduisent à
une discrimination envers les mauritaniens noirs sans exception.
En effet, cette commission oblige tout mauritanien et
toute famille mauritanienne venant de tout le territoire français et d’Europe à se
confiner et patienter dès 5 heures du matin, sans la garantie d’être
recensée ce jour puisque seule une cinquantaine de personnes ne sera retenue
par jour ouvrable. Les citoyens non reçus sont renvoyés chez eux sans explications.
Le manque d’organisation et d’informations claires de la part de l’Ambassade exaspèrent
les ressortissants mauritaniens. De plus, l’exaspération grandissante et les
longues files d’attente dans la rue de l’Ambassade (rue Montevideo, Paris) sont les
conséquences de l’amateurisme et du manque de professionnalisme doublé d’une absence de
civisme envers ses compatriotes mauritaniens. A l’opposé, nous constatons que d’autres
ressortissants mauritaniens sont exemptés du temps d’attente sous prétexte de leur faciès
et de leur affiliation aux autorités mauritaniennes ce qui est inadmissible pour notre
Mauritanie qui se veut démocratique.
Aujourd’hui, les fonctionnaires de l’Ambassade
persistent à appliquer leur méthode anti-démocratique et raciste
en ne respectant aucune des recommandations du Président de la
République de Mauritanie émises lors de la rencontre
entre le Président, l’Ambassadeur et les ressortissants mauritaniens
d’Europe (mais qui gouverne la Mauritanie ? le Président ou
… ?)
Ensuite, les conditions exigées aux mauritaniens de
France et d’Europe ne sont pas acceptables parce que ladite Commission exige pour
procéder à l’enrôlement, que le candidat soit en possession d’une carte
de séjour établie par les autorités françaises. Or nous considérons
que le citoyen en possession d’un passeport, d’une pièce d’identité ou même d’une copie
intégrale établie valablement par des autorités mauritaniennes compétentes doit pouvoir se
faire recenser d’autant plus que ce dernier se déroule dans l’enceinte de l’Ambassade
de la Mauritanie. La question est de savoir : comment un pays qui, pour justifier de
la véracité des documents qu’il a lui-même établis, doit demander le titre de séjour d’un
pays étranger ? Ce qui nous permet aujourd’hui de nous poser de sérieuses questions
sur l’indépendance de notre administration nationale.
L’exigence de la carte de séjour a en effet pour
conséquence d’écarter du recensement de catégories entières de
mauritaniens :
a- Les mauritaniens dont les titres de séjour sont en
cours de renouvellement, qui ne pourront les retirer faute de pouvoir présenter le
nouveau passeport et qu’ils ne pourront avoir faute d’avoir été recensés ;
b- Les mauritaniens qui sont en cours de
régularisation de leurs situations, qui ne pourront avoir leurs titres de
séjours que s’ils présentent un passeport biométrique mais qu’ils
ne pourront pas obtenir faute d’avoir été recensé ;
c- Les mauritaniens qui n’ont pas de titres de séjour
mais disposant de pièces d’identité valablement établies par les autorités
mauritaniennes.
Nous constatons avec regret qu’aussi bien en
Mauritanie qu’ici, ce recensement
vise à écarter le maximum de mauritaniens noirs du
registre de l’Etat civil donc à terme, de nous priver de la nationalité
mauritanienne pour devenir malgré nous des apatrides et à terme
des clandestins.
Dernièrement, pour s’enrichir sur le dos des
mauritaniens ressortissants en
Europe, la trouvaille de l’Ambassade est de nous
facturer le passeport biométrique à plus de 300 euros qui nous
sera délivré en quelques jours. Mais les mauritaniens qui ne peuvent
débourser plus de 312 euros par personne peuvent régler le tarif habituel de
93,75 euros par personne mais devront patienter plusieurs mois pour pouvoir
retirer son passeport.
Ceci est une arnaque honteuse par rapport à la
déontologie et au rôle que doit jouer une administration digne de ce
nom. Nous ne sommes et ne serons jamais d’accord.
Forts de ce constat, Nous, Diaspora mauritanienne en
France et l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France :
- Exigeons la suppression immédiate et sans délais, de
la carte de séjour pour tous les mauritaniens en France,
- Demandons à notre Ambassade de prendre des mesures
immédiates pour assurer l’enrôlement dans des conditions acceptables qui
respectent la dignité des mauritaniens en
France.
- Dénonçons avec force et conviction le caractère
discriminatoire et épuratoire de ce recensement et qu’il soit mis
fin sans délai à cette situation avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
- Exigeons l’égalité du délai d’attente quelque soit
le tarif,
- Informons le Ministère de l’Intérieur français des
risques éventuels de désordre public qui pourraient être provoqués par le
comportement des Autorités Mauritaniennes à
Paris.
- Attirons l’attention de la communauté internationale
en particulier l’Union
Européenne, de la volonté du Gouvernement mauritanien
de nous priver de notre droit en tant que citoyen mauritanien.
- Enfin, nous lançons un appel solennel à toutes les
forces vives de la nation, aux amis et sympathisants, aux
organisations syndicales et de défenses des droits l’Homme de se mobiliser
afin de mettre fin à cette situation humainement, juridiquement et politiquement inacceptable.
Ps : pour se recenser et voter, il faut le passeport
biométrique ou carte d’identité biométrique, il faut donc s’enrôler. Mais comment
voulez-vous qu’on se recense si on n’est pas enrôler ? A vous de
juger.
Paris, le 31 Août 2013,
OTMF ET DIASPORA MAURITANIENNE DE FRANCE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire