DECLARATION DU RESEAU G5 SAHEL ANTI-ESCLAVAGE EN SOLIDARITE AVEC
BIRAM DAH ABEID
Suite à la persécution dont fait l’objet l’honorable Biram Dah
Abeid en Mauritanie, nous, organisations membres du Réseau G5 Sahel de lutte
contre l’esclavage, faisons la déclaration qui suit :
En ce mardi 20 février 2024, le monde entier a découvert, suite à
la levée de l’immunité parlementaire de l’honorable député représentant du
peuple, Biram Dah Abeid, une preuve supplémentaire de la supercherie qui
entoure la diplomatie hypocrite que la République Islamique de la Mauritanie
livre sur la scène internationale, Régionale et sous régionale.
En effet, cette même Mauritanie qui, grâce à un narratif empreint
de langue de bois et de démagogie maquillée de prétentions à l’instauration
d’un État de droit et de démocratie, s’octroie des privilèges allant jusqu’à
briguer le mandat d’une institution comme l’Union Africaine fondée sur des
valeurs universelles du respect de la dignité humaine.
Or, au fond qu’est-ce que la Mauritanie de Ghazouani ? Si ce n’est
cette République raciste, esclavagiste jusqu’à la moelle des os, où les valeurs
républicaines sont bafouées au profit d’une élite féodale, minoritaire, prête à
vouloir réduire en silence pour ne pas dire exterminer des hommes et des femmes
qui, de par leur couleur de la peau, leur origine sociale ne représentent que
des moins que rien. C’est là, le triste sort des populations négro-africaines
de Mauritanie et plus particulièrement les haratines dont la résilience et le
stoïcisme a conduit à mettre en forme une trajectoire politique dont le but
ultime est d’occuper les enceintes que leurs confèrent les avantages de la
démocratie et de la majorité écrasante dans les plus hautes assises
institutionnelles de la République Islamique de la Mauritanie. C’est cette
dynamique portée par sa figure emblématique en la personne de Biram Dah Abeid
que le régime raciste de Mauritanie s’emploie à étouffer dans l’œuf par des
manœuvres subversives à chaque fois que l’occasion arrive de mettre en exécution
ce noble projet. Tel a été le cas de plusieurs arrestations dont il a été
l’objet notamment le 13 décembre 2010, le 28 avril 2012, le 11 novembre 2014,
le 07 aout 2018 et le 24 mai 2023. En 2018 son arrestation avait pour objet de
lui empêcher de se présenter aux élections générales. Toutefois, son engagement
et la détermination de ses partisans ont fait échec à cette manœuvre en créant
les conditions pour sa participation aux élections législatives et
présidentielles auxquelles il s’est présenté tout en étant en prison. Prison à
partir de laquelle il été élu député nationale en dépit de la manipulation des
élections par le Général Abdel Aziz Président de l’époque, qui a proclamé les
résultats des élections présidentielles en lieu et place de la Cour
Constitutionnelle, sachant que son candidat Ghazouani n’a pas remporté le
scrutin. L’exploit de Biram, n’a pas empêché au régime actuel de l’interpeller
le 24 Mai 2023, étant député, sans lever son immunité parlementaire.
Au regard de l’indignation que cette manière de faire a suscité à
l’époque, les dignitaires mauritaniens, pour mettre Biram aux arrêts, ont
utilisé un autre subterfuge à travers une lettre adressée au Président de
l’Assemblée Nationale par le Gouvernement mauritanien. Un parti politique, anciennement
de l’Opposition, ayant intégré la majorité, demande la levée de l’immunité
parlementaire de l’honorable Biram Dah Abeid, Député de son État et défenseur
des Droits de l’Homme. Aussitôt, le Bureau de l’Assemblée Nationale acquis à la
cause se réunit et procède à la levée de l’immunité parlementaire de
l’honorable député, alors que la levée de l’immunité parlementaire est la
prérogative de la plénière. La plénière, elle-même, est censée lever l’immunité
d’un député pour faute grave et non suite à un différend entre individus. Cela
démontre la prétention des dirigeants de la Mauritanie qui n’ont aucun respect
pour les valeurs républicaines et l’égalité des droits entre les humains.
C’est à quoi nous assistons aujourd’hui, à travers la levée de l’immunité
du Président Biram, s’inscrit dans la même logique et aboutira probablement à
ce que nous avons connu par le passé. Sauf que pour cette fois-ci, le peuple
mauritanien, se trouvera fortement inspiré des développements de l’actualité
politique en cours dans la sous-région.
Et puisque le projet funeste de Ghazouani est inspiré du cas du
Président Sénégalais Macky Sall versus Sonko et les mêmes causes produisant les
mêmes effets. A cet effet, nous demandons au peuple mauritanien épris de paix
et de justice de faire bloc comme un seul homme pour faire échec à cette
entreprise macabre.
Quant au Réseau G5 Sahel de lutte contre l’esclavage nous ne
saurions cautionner cette énième persécution que nous dénonçons avec force et
qui vise l’arrestation du camarade Biram Dah Abeid pour diffamation sur fond
d’une plainte d’un homme politique instrumentalisé. Tout cela se passe à
quelques mois des élections présidentielles pour lesquelles Biram est candidat
favori. Il est, ici, à rappeler que le Camarade Biram est bien respecté et
populaire en République Islamique de Mauritanie et dans le milieu
abolitionniste à travers le monde. Ce qui démontre de manière flagrante et
évidente le caractère purement politique du harcèlement auquel fait face le
leader emblématique du mouvement IRA.
Au regard de tout ce qui précède, le Réseau G5 Sahel de lutte
contre l’esclavage, vivement préoccupé par la dégradation des droits humains en
raison des violences, des exclusions et discriminations fondées sur la
persistance encore du racisme et de l’esclavage en République Islamique de
Mauritanie livre ce qui suit :
1- Condamne avec
la dernière énergie et exige des autorités mauritaniennes qu’elles mettent fin
à toute forme de harcèlement et de discrimination dont est victime Biram Dah
Abeid et les militants de IRA en Mauritanie ;
2- Apporte son
soutien indéfectible et sa solidarité au camarade Biram Dah Abeid dans sa lutte
pour l’émancipation des communautés opprimées en Mauritanie ;
3- Interpelle les
autorités de la République Islamique de la Mauritanie quant aux conséquences
que pourrait avoir la culture à outrance de l’injustice dans un espace en proie
à une insécurité grandissante et où les frustrations et les humiliations
peuvent conduire à tout ;
4- Appelle la
communauté internationale en particulier l’Organisation des Nations Unies à
prendre les mesures qui s’imposent pour contraindre la Mauritanie au respect
strict des conventions internationales auxquelles elle a librement souscrit
notamment la déclaration universelle des droits de l’homme, la convention
relative à l’abolition de l’esclavage, le pacte international sur les Droits
Civils et politiques ;
5- Demande le
rétablissement immédiat et sans condition de l’honorable député Biram Dah
Abeid, dans son droit de jouissance de l’immunité parlementaire, faute de quoi
une pétition sera lancée pour la déchéance de la Mauritanie à la Présidence
tournante de l’UA.
Signé :
Le Secrétaire Exécutif
Ali Bouzou