Le mauritanien semble croire que
l’esclavagiste type est un ultra-conservateur qui s’accroche maladivement à un
certain ordre social. Et on croit l’imaginer celui qui refuse toutes les
tendances réformistes et progressistes, et agit isolement dans une nébuleuse
esclavagiste faisant l’objet du combat anti-esclavagiste de la mouvance
abolitionniste dans le pays.
Pourtant, notre esclavagiste dit introuvable,
n’est rien d’autre que ce qui fait profondément le socle d’identification de
nos différentes tribus et ethnies. Nos différentes communautés s’organisent en
forme et au fond, sur des références culturelles et traditionnelles
conditionnant et structurant nos rapports respectifs. En effet, notre esclavagiste
de fait et par sa mentalité n’est qu’une des multiples émanations logiques de
notre ordre tribalo-ethnique. Ce dernier fonctionne et s’entretient sur des
bases hiérarchiques qui régulent une certaine graduation de l’appartenance à la
tribu ou à l’ethnie, selon les castes sociales.
En réalité, au sommet de cette stratification
sociale pouvant être tribale ou ethnique, la plénitude de l’identité
d’appartenance revient à la caste dominante dite noble autour de laquelle les
autres composantes sociales (alliés ou subalternes) vivent une vraie-fausse
appartenance de forme en fonction des circonstances.
En guise d’illustration, intéressons nous à
la nature d’appartenance des anciens esclaves à l’identité de nos tribus
(arabo-berbères) et clans féodaux (sooninko, peulh et d’autres). Pour les
tribalistes comme les féodaux, l’identité de la tribu ou du clan ne peut pas
être incarnée par un subalterne ou descendant d’un subalterne. En effet, le
haratine, le komé ou le mathioudo, en tout l’esclave ou l’affranchi, ne peut
posséder de tribu ou de clan féodal mais il est plutôt possédé par la tribu ou
le clan féodal. Cette possession fait que l’appartenance identitaire de
l’esclave ou l’ancien esclave à la tribu ou au clan féodal, reste dans une
relativité qui ne passe plus inaperçue de nos jours.
Cette évidente et pernicieuse corruption de l’identité qui affecte les esclaves et les anciens esclaves, constitue le noeud principal à défaire par la mouvance abolitionniste et anti-esclavagiste. Les victimes et assimilés se doivent d’oser redéfinir leur identité nouvelle en-dehors de toutes les vielles cases originelles qui perpétuent leur statut d’éternels subalternes aux groupes dominants.
La farce historique faisant d’un descendant
d’anciens esclaves, un représentant de la tribu ou du clan féodal n’est qu’un
énième moyen de contrôle que les tenants du système esclavagiste endorment les
non-avertis. Il est évident que l’imaginaire collectif de la caste dominante de
cet ordre foncièrement discriminant, véhicule cette ségrégation inavouée à
l’externe aujourd’hui, mais bien entretenue en interne par des rites sociétaux
et tribaux bien figés.
Si les éveillés anti-esclavagistes issus des anciens esclaves pouvaient avoir un slogan, cela serait: Mieux vaut être sans tribu qu’être faussement encarté dans une tribu ou un clan féodal portant l’essence de l’esclavagisme culturel.
Si les éveillés anti-esclavagistes issus des anciens esclaves pouvaient avoir un slogan, cela serait: Mieux vaut être sans tribu qu’être faussement encarté dans une tribu ou un clan féodal portant l’essence de l’esclavagisme culturel.
On entend fréquemment que la
sensibilisation ferait le travail de l’éradication des pratiques esclavagistes
et féodales dans le pays, mais aucune mise en cause de certains fondements de
nos sociétés primitives qui influencent les mentalités. Certaines voix
autorisées se réclamant progressistes, disent sensibiliser mais évitent
sournoisement les racines de ces tares sociales qui sont entre autres ; la stratification
sociale, les discriminations sur le Bien en commun matériel et immatériel, et
les réflexes d’intouchabilité.
Un arabe ou arabo-berbère tribaliste assumé
et un féodal clanique savent très bien que les personnes d’origine servile, ne
peuvent en aucun cas incarner la plénitude de l’identité tribale ou féodale. En
1915 hier, en 2015 aujourd’hui comme en 2215 demain , toute personne
d’ascendance subalterne, qui se réclame d’une telle tribu ou tel clan féodal,
ne peut éviter d’être victime du joug déterministe de l’imaginaire collectif
qui la classe.
À travers cet imaginaire collectif, la perpétuation de la stratification sociale s’effectue en douceur dans le temps et l’espace. Par conséquent l’agencement pyramidal des honneurs, fait que la condition servile est au bas de l’échelle sociale qui a ses « propres valeurs » de noblesse liées plutôt à la naissance qu’aux valeurs de dignité humaine et de piété religieuse.
La tribu et le clan féodal fonctionnent sur un ordre primitif et particulier qui fige « sa noblesse » sur d’autres références qui excluent, rejettent, stigmatisent et conditionnent au nom d’un ordre de naissance divinisé.
Nous pouvons conclure qu’on s’attarde en
chamailleries pour suspecter tel ou tel d’esclavagiste ou féodal, alors qu’on
fait semblant d’ignorer que ce sont nos tribus, ethnies, clans et communautés
qui régulent TOUT sous le prisme suivant: Ta famille de naissance fait de toi
le « noble » ou le subalterne dans la société.
Dans un nouveau cadre comme un État des citoyens, les anciens esclaves et assimilés ont une meilleure voie de réhabilitation de leur dignité humaine décousue continuellement par l’élément tribal et clanique. Par un pacifisme franc et digne, cet engagement pour l’émergence d’un Nouveau NOUS ou un Autre Nous, doit être ouvert et expliqué à tous les épris de justice désintéressés et sincères.
Dans un nouveau cadre comme un État des citoyens, les anciens esclaves et assimilés ont une meilleure voie de réhabilitation de leur dignité humaine décousue continuellement par l’élément tribal et clanique. Par un pacifisme franc et digne, cet engagement pour l’émergence d’un Nouveau NOUS ou un Autre Nous, doit être ouvert et expliqué à tous les épris de justice désintéressés et sincères.
Un Haratine ou un Komé doit d’abord se
définir en musulman et en citoyen mauritanien, et surtout se défaire de
l’élément d’identification tribalo-féodale qui est l’essence socio-idéologique
de la trame esclavagiste. S’il est connu que le coeur fonctionnel de nos tribus
et ethnies, est allergique à toute réforme de fond basée sur d’autres normes
(égalité, fraternité, honneur, dignité et vérité pour Tous sur le matériel et
l’immatériel), les dits nés stigmatisés et lésés doivent revoir leur rôle
déterministe dicté par la tribu et l’ethnie. Dans cette optique un activisme
soutenu et digne de veille et d’éveil s’impose sur Tout ce qui touche au
symbolique véhiculant la matière des mentalités rétrogrades à l’endroit d’un
tel homme ou une telle femme dont le rang de naissance inhibirait Sa Qualité de
Citoyen.
Aussi l’habituelle approche de voir la donne politique à l’échelle nationale, nécessite un nouveau regard dépoussiéré du clientélisme, l’arme favorite des milieux dominants trans-partisans.
En effet, l’amusement politico-politicien par les double discours tenus diversement par certains hommes politiques se disant républicains à Nouakchott dans leurs partis mais par ailleurs tribalistes ou féodaux dans leurs girons communautaires, doit être démasqué et confondu publiquement.
Le mot d’ordre salutaire pour déraciner les
pratiques esclavagistes, féodales et les diverses séquelles serait : on ne peut
pas forcer le changement de mentalités rétrogrades mais on se doit de les
rendre caduques dans le Réel en se définissant hors du cadre tribalo-féodal
foncièrement déterministe et discriminatoire.
Un Arabe ou un Arabo-berbère tribaliste sait
dans son for intérieur que le Haratine de sa tribu, n’est défini comme
Arabe que par l’aliénation culturelle d’hier et par stratégie politique
d’aujourd’hui. Notre cousin Haratine peut être considéré comme Arabe selon
certaines visées troublantes en Mauritanie mais serait moins Arabe pour les
honneurs dans le monde des vrais Arabes à l’échelle mondiale. Par analogie, les
anciens esclaves ou assimilés dans les communautés noires ( sooninko, peulh et
d’autres), sont aussi frappés par la même conditionnalité d’une appartenance
clanico-féodale selon la stratification sociale en vigueur. Par exemple, si un
Komé se réclame d’un tel clan féodal au Guidimagha nord, on saura explicitement
sous d’autres cieux, par son nom de famille qu’il ne l’est qu’en étant esclave
culturel du dit clan.
Seule la vérité est révolutionnaire… !!!
K.S
SoninkIdees-J’ose
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