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samedi 28 février 2015

Les artistes mauritaniens chantent en chœur la justice sociale …[Vidéo]

Les artistes mauritaniens chantent en chœur la justice sociale …[Vidéo]
Md O Md Lemine - Des activistes mauritaniens ont publié sur les réseaux sociaux, la chanson du Manifeste (MITHAG) pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même.

Le clip vidéo appelle sur fonds d’images vivantes de la marginalisation, de la pauvreté et des disparités sociales, à la justice sociale et à la lutte contre l’esclavage dans toutes ses manifestations.

Le Mithagh pour les droits des Harratine- avait publié le 29 Avril 2013, loin de tout complaisance, parti-pris ou exagération, un état des lieux des conditions de vie insupportables de l’importante composante du peuple mauritanien que représente les haratines, qui se trouve selon ses leaders « être marginalisée et exclue souvent par la seule volonté des dirigeants successifs du pays, épaulés en cela par des groupes obscurantistes, prompts à des agissements suicidaires pour le pays ».

Une situation qui peine à disparaître suscitant régulièrement des manifestations pacifiques pour appeler les autorités, les leaders politiques et syndicaux ainsi que les organisations de la société civile et les dignitaires religieux (Imams et ouléma) à assumer leurs responsabilités.

Cette chanson qui appelle à la justice sociale s’inscrit incontestablement dans cette droite ligne pour prendre conscience du phénomène et œuvrer en communion à son éradication. Un clip qui va droit au cœur, devant lequel personne ne peut rester sensible à cet appel pour réconcilier le pays avec lui-même et s’engager sans attendre dans cette voie irréversible capable de lui garantir justice et prospérité Incha Allah.

Md O Md Lemine


Selon le blogueur mauritanien, Diko Hanoune les propos apologistes du crime de l'esclavage de Me Wade ne peuvent rester impunis!

Nous savions l'idée qui traverse la tête de certains faux semblants d'être des militants qui prétendent, la lutte c'est sur le terrain seulement.  En vérité ils sont gênés par nos actions depuis l'extérieur qui bloquent, perturbent leur sale besogne de mesquineries, trahison à répétition donc ils se murent derrière l'idée qu'il faut rassembler tout le monde dans un enclos comme des moutons dans un abattoir pour nous faire taire. 

La lutte se passe là où on se trouve. La preuve en prison les braves vrais combattants décidés, Biram Dah et ces codétenus arrivent à se faire entendre pendant que des salauds sont là derrière leurs écrans pour nous cracher leur venin d'aigris menteurs qui n'arrivent pas à avaler leur couleuvre d'amertume comme des chiens enragés. 

On ne peut pas être un bon militant dans n'importe quelle cause sans accepter le moindre sacrifice et  efforts. C'est pourtant le constat qu'on peut faire dans le milieu des noirs mauritaniens, tout le monde crie que sommes victimes de ceci, cela mais personne ne veut consentir le moindre sacrifice ni efforts.  

Oui à défaut de sacrifier sa vie pour libérer tous les opprimés, il faut au moins accepter d'investir son temps, mettre ses moyens matériels et économiques à la disposition de ceux qui se battent au péril de leurs vies. Ils sont là entrain de pleurnicher pour un oui ou non, certains n'hésitent pas à vouloir donner des leçons pendant qu'ils se cachent même pour écrire une opinion. 

La situation désastreuse du nègre au pays des esclavagistes mauritaniens arrange pas mal de nègres complexés qui ont dans l'esprit ce que pense Me Wade du président  Macky Sall. La féodalité que nous avions soulevé, fut qualifié aussitôt par certains à la pointe de l'hypocrisie « D'un faux débat », passe désormais à un débat au niveau international. 

Certains Africains resteront petits quels que soient les diplômes et cursus universitaire à cause du mensonge et l'hypocrisie. Je me demande comment les africains qui sont purs produits de la colonisation arrivent-ils à prétendre à une certaine aristocratie? Comment un colonisé peut être aristocrate où noble?  

Apparemment la noblesse occupe tout un symbole de traîtrise africaine dont certains ont trahi les africains pour appuyer les colons à coloniser l'homme noir sur terre. Voilà le sens de cette fausse noblesse qui n'est rien d'autre que l'exhiberance sans moral de la traîtrise assumée. 

Lorsque Sarkozy disait l'africain doit s'assumer pour entrer dans l'histoire lors de son discours au Sénégal sous le règne de Me Wade, tout le monde cria haro la France colonisatrice qui insulte, profane la mémoire de l'Afrique, quand c'est Me Wade gardien du temple  l'île de Gorée qui insulte les africains, traite un président de la république d'un sous homme esclave « Diam lée -Maccudo» qu'il allait vendre si le marché de l'île de Gorée n'était pas interdit, on banalise ses propos aussi graves pour disculper, blanchir le vieux africain alors qu'en Europe on juge encore des nazis même à l'âge de 100 ans. 

Wade est loin d'être un animal politique comme le croient certains mais une bête de somme pure et dure, les ONG panafricaines doivent monter au créneau sans l'aval du président Macky, de X ou Y en faisant savoir qu'il ne sera jamais admis ni permis  aux Africains de faire ricaner des journalistes et le monde entier sur un crime  contre l’humanité commis sur les africains qui est l'esclavage comme d’ailleurs aucun juif n'ose se moquer de la Shoa sur terre. Il faut être ferme sur toute la ligne pour se faire respecter.

Merci

Diko Hanoune , Abolitionniste Mauritanien. 


Vidéo – Révélations fracassantes de Me Abdoulaye Wade : «Macky Sall est un descendant d’esclaves… ses parents mangeaient de la chair humaine»

La sortie de Maître Wade sur son successeur M. SALL: symptomatique du fond et dérapage heureux...!!!???



Abdoulaye Wade, 88 ans, marié à une française blanche depuis plusieurs décennies. Il fut lycéen au célèbre lycée Condorcet à Paris, titulaire d'un doctorat en droit et sciences économiques. Il exerça comme avocat au barreau de Dakar et enseigna à l'université Cheikh Anta Diop (l'UCAD) connue dans la sous région. Il fut aussi un ancien opposant de premier plan contre le pouvoir socialiste au Sénégal.

Il a dirigé le Sénégal pendant 12 ans ( 2000-2012) et était l'un des promoteurs du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique).
Monsieur Wade était champion du Sopi (changement en wolof) en battant le président Diouf au second tour de la présidentielle de l'an 2000. 


Au cours de son règne, l'homme communément appelé maître Wade peut se targuer d'un bilan marqué par d'importants travaux entrepris à l'échelle nationale mais aussi par une certaine allergie à la contradiction au sein de son entourage politique. En effet, l'ancien opposant comme la plupart de ses camarades africains chefs d'État, tombe peu à peu dans un système individualiste du pouvoir. Il s'était embrouillé un à un avec les figures emblématiques de la jeune garde de son parti politique, notamment Idrissa Sec et Macky Sall, l'actuel président du pays.

Sa gestion semi-autocratique aux visées héréditaires du pouvoir s'était incarnée en la personne de son super ministre du "ciel et de la terre" (Transport aérien et infrastructures publiques) , son fils Karim Wade. Au cours de son second mandat, le vieux n'avait jamais digéré le souhait du président de l'assemblée nationale de l'époque Mr Macky Sall, d'entendre son fils de ministre sur sa gestion liée au sommet de l'oci ( organisation de la conférence islamique) à Dakar. 


Son ancien premier ministre et futur tombeur, Macky Sall avait été évincé de la présidence de l'assemblée nationale par un parti politique sous les ordres princiers. Ainsi l'originaire de Fouta, était devenu l'opposant numéro Un contre le Wadisme qui s'était fait plusieurs ennemis politiques et dans une société civile très active. On reprochait au vieux, son tripatouillage constitutionnel pour sa troisième candidature et ses intentions d'assurer sa succession à son fils Karim. 


Il avait été nettement battu par Macky Sall amené par une coalition forte au second tour en 2012, et peu après il s'était retiré en France.
Sous le nouveau pouvoir de son ancien allié, la machine judiciaire a attrapé son fils sur les origines douteuses de sa fortune colossale incompréhensible pour un sénégalais lambda. En effet dans cette tornade judiciaire qui dévoile les abus financiers du Wadisme, le fils Karim a été arrêté et les sénégalais vivent plusieurs mois au rythme de son procès que certains qualifient de politique. 


Rentré au pays après sa pause exagonale, maître Wade se fait le premier défenseur de son fils, ainsi entouré de ses partisans galvaudés par sa présence aux airs rajeunis, il s'est donné à des manifestations de soutien ressemblant à un défi vis-à-vis du pouvoir en place.
Cependant c'est dans cette mission de sauvetage de son fils que le vieux s'est lâché ce 24/02/2015 lors d'une réunion de parti en tenant des propos inattendus sur son successeur. Pour lui, ce dernier serait d'ascendance esclave et qu'il l'aurait vendu dans d'autres circonstances, en ajoutant que le président actuel ne peut être jamais au-dessus d'eux  (lui-même et son fils). 


Ainsi la mini-bombe a explosé face aux peuples instruits ou pas, sur les non-dits qui couvent dans nos sociétés africaines ou au moins ouest-africaines. Le gorgui connu pour avoir une santé de fer, n'est pas sénile ni grabataire et en "authentique" africain, sait de quoi il vise par ces mots bien choisis aux relents féodaux et esclavagistes. Il sait pertinemment leur teneur dans le coeur social et sociétal africain même en 2015, qui minimise et dévalorise la qualité du Citoyen tout court par rapport à nos différents statuts sociaux hiérarchisés. 


Cette sortie sous cet angle de la caste, fait un écho transnational chez les peuls notamment originaires du Fouta, et à scruter les différentes réactions sur la toilo-sphère, on constate que la pensée Wadesque a des adeptes qui se dévoilent inconsciemment. D'aucuns presque sur la même tournure langagière que le vieux, essaient étrangement de prouver la noblesse de Macky Sall au lieu de dénoncer ouvertement la saillie verbale aux relents féodaux et esclavagistes. D'autres jouent sur un esprit malin et réducteur en ramenant la chose sous le prisme d'une plaisanterie de cousinage mal placée entre un Sall et un Wade.

Les propos de l'ancien président sénégalais ne visent pas les peuls ou les halpoulars en général mais une caste sociale bien définie, qui est transcommunautaire dans nos contrées. Au sein de nos communautés, les castes sociales ne se valent pas sur ce qu'on a en commun de matériel et d'immatériel et à mesurer le poids de mots de maître Wade, il ne ressort que le fond déterministe de nos voix autorisées ethniques et tribales à l'endroit de la caste esclave. 


Le président Macky Sall lui-même doit en savoir quelque chose de cette réalité stigmatisante que traînent les descendants d'esclaves dans toutes les communautés dans cette zone. En effet Maître Wade avec son cursus universitaire bien fourni, sa carrière politique historique et son vieux âge, ne représente pas un cas isolé dans ces réflexes qui traversent les non-dits au sein notre communauté intellectuelle lâche et trompeuse. Par exemple, un brillant diplômé dans une grande université occidentale, peut crier au scandale quand un ministre français de droite évoquait que pour eux, toutes les civilisations ne se valent pas. Après 6 heures de vol,  notre homme africain défenseur de l'Homme noir chez les blancs, se montrerait neutre voire complice face à nos réalités sociétales et traditionnelles basées sur une hiérarchisation sociale stricte. S'il est issu des milieux aristocratiques dans son giron, il trouverait la gymnastique intellectuelle nécessaire pour donner une coloration culturelle au système des castes dont l'essence n'admet jamais que les différentes castes puissent se valoir.

Ainsi sont nos réalités sur lesquelles l'ancien champion du Sopi, s'est attaqué à son successeur le taxant d'ascendance servile qui ne peut être au-dessus de lui nulle part. Se croyant évidemment noble, maître Wade aura un point commun avec ce soninké analphabète et ouvrier dans le nettoyage, qui digère difficilement que son chef de chantier soit un autre soninké dit de caste sociale inférieure. 


Par ailleurs on aura appris dans certains milieux aristocratiques dans le Fouta de deux rives du fleuve Sénégal et par extension chez d'autres peuples ( soninkés et d'autres), que le choc de l'accusation sur leur fils président passe amèrement et qu'il est temps de penser aux descendants d'esclaves vivant depuis toujours auprès d'eux et traînant des multiples clichés et stigmatisations. 


La fibre de la hiérarchisation sociale est la trame de nos rapports et Wade aura le mérite d'éveiller les consciences conditionnées parmi les vrais descendants d'esclaves qui croient naïvement que l'instauration de leur dignité d'Homme se joue à l'échelle nationale par une citoyenneté manipulée pour reproduire les anciennes références.  Certains rêveurs dociles parmi les castes dites subalternes, font le jeu du système des castes dont le fonctionnement est à l'encontre d'une nation des droits et devoirs égaux à toutes les échelles. Nous espérons que les électeurs d'ascendance esclave apprendront mieux de cette sortie non hypocrite de maître Wade et à tous les niveaux.

Merci Gorgui Wade pour ces mots instructifs pour Tous finalement ...!!!



Koundu Sumaré



Vidéo – Révélations fracassantes de Me Abdoulaye Wade : «Macky Sall est un descendant d’esclaves… ses parents mangeaient de la chair humaine»



vendredi 27 février 2015

Nés sous la mauvaise étoile



Le militant anti-esclavagiste Khali Ould Maouloud s’est rendu à Berne pour attirer l’attention du Département fédéral des affaires étrangères sur le problème de l’esclavage en Mauritanie. | © Jean-Marie Banderet

Des esclaves au XXIe siècle? Oui. La Mauritanie en compterait près d’un demi-million. Pourtant, les mouvements abolitionnistes peinent à se faire entendre hors des frontières de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Entretien avec Khali Ould Maouloud, militant anti-esclavagiste.
par Jean-Marie Banderet

«Debout à cinq heures. Il fallait ensuite se rendre dans la maison du maître pour préparer le petit-déjeuner pour sa famille. Puis mon père emmenait paître le troupeau. Ma mère s’occupait de ses enfants et de ceux du maître jusque vers dix-neuf heures, lorsque les hommes revenaient des champs. Puis mes parents préparaient et servaient le repas, couchaient les enfants du maître et préparaient les lits pour la nuit. A vingt-trois heures, fin de la journée de travail et retour au township dans lequel nous vivions. Mes parents avaient moins de six heures d’intimité par jour.»

Khali Ould Maouloud est Mauritanien. Il est né esclave parce que ses parents l’étaient. Parce qu’ils sont Haratines, l’ethnie dont proviennent tous les esclaves de Mauritanie. Mais contrairement à d’autres, il a eu la chance de pouvoir aller à l’école. Aujourd’hui, cet infirmier de 35 ans qui travaille à Genève est un peu nerveux: il a rendez-vous au Département fédéral des affaires étrangères, à Berne, pour attirer l’attention des autorités helvétiques sur le problème de l’esclavage en Mauritanie. Depuis un peu plus de trois ans, Khali Ould Maouloud est membre de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), fondée il y a douze ans par un autre ancien esclave, Biram Ould Abeïd. Ce militant anti-esclavagiste, Prix 2014 des droits humains des Nations unies, aurait dû être à ses côtés. Mais deux semaines avant la date fixée, coup de théâtre : il a été arrêté par la gendarmerie mauritanienne et jeté en prison avec plusieurs autres personnes pour avoir participé à un sit-in pacifique.

Un demi-million d’esclaves

«En Mauritanie, tout le pouvoir est aux mains des vingt pour cent d’Arabo-Berbères, explique Khali Ould Maouloud. Le reste de la population est composé de Négro-Africains, dont la moitié appartient à l’ethnie des Haratines. Trente pour cent d’entre eux sont affranchis, et les autres servent des maîtres arabo-berbères.» Il n’existe aucun recensement d’esclaves dans le pays, qui compte 3,8 millions d’habitants. L’IRA estime que leur nombre total représente entre dix et vingt pour cent de la population. «On peut raisonnablement parler de cinq cent mille esclaves, sans doute plus.» Mais ces chiffres peuvent varier, suivant la définition qu’on donne à l’esclavage. Pour l’ONG Walk Free, la proportion d’esclaves en Mauritanie est moindre: elle se situerait autour de quatre pour cent en 2014.

L’esclavage en Mauritanie a la peau dure. Officiellement aboli en 1981, il n’est poursuivi pénalement que depuis 2007. «Sur le papier, du moins. En sept ans, il n’y a eu qu’une condamnation –avec sursis. Le maître qui était passé devant les juges est reparti libre comme l’air.» Plusieurs ONG accusent l’Etat mauritanien d’avoir inscrit ces mesures uniquement pour plaire aux partenaires occidentaux. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé à la présidence de la République en 2008 à la suite d’un coup d’Etat, s’efforce d’entretenir une image respectable, quitte à étouffer les voix discordantes. Les militants de l’IRA et d’autres mouvements abolitionnistes sont par exemple interdits d’antenne dans les médias nationaux, tous aux mains du gouvernement. «En façade, il y a eu quelques changements. Les marchés aux esclaves –lors desquels les clients pouvaient déambuler entre des stands sur lesquels se tenaient les hommes, femmes et enfants à vendre– ont disparu depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, les transactions se font directement entre les maîtres, en privé.»

L’Etat a ainsi tenté de minimiser sa responsabilité lorsque le Conseil des droits de l’homme –dans lequel siège la Mauritanie– est venu lui chercher des poux en 2009. Ce qui ne l’a pas empêché de se faire épingler. Les données statistiques sur la pratique de l’esclavage font défaut et les esclavagistes n’ont rien à craindre: enquêtes, poursuites, condamnations et sanctions sont inexistantes. Une visite de suivi a eu lieu courant 2014 pour déterminer si les recommandations du Comité ont été suivies d’effets, mais ses conclusions ne sont pas encore connues.


L’esclavage est une tradition bien ancrée en Mauritanie. Elle reste largement répandue, principalement dans les régions rurales de l’est du pays. | © Wikimedia Commons

Tradition bien ancrée

Le système législatif n’est pas seul en cause. «L’esclavage est profondément implanté dans les mentalités, aussi bien chez les maîtres que chez les esclaves. Le système perdure parce que les maîtres perdraient le confort que représente une main-d’œuvre servile, et parce que les esclaves n’ont pas l’éducation pour remettre le système en question. Les hommes, femmes et enfants esclaves sont l’équivalent d’une propriété foncière ou d’un animal de transport. Ils n’ont pas de papiers d’identité, n’ont pas droit à leur propre logement. Ils peuvent être vendus ou échangés comme un bien de consommation.» C’est particulièrement vrai pour les femmes et les filles. Il est courant que le maître mette à la disposition d’un hôte de passage des esclaves comme objets sexuels. «Evidemment, des enfants qui naîtraient de ces viols ne seraient pas reconnus. Ils viendraient grossir les rangs du ‘cheptel’ du maître.»
En sous-main, les imams entretiennent le vernis religieux qui fait tenir l’édifice. «‘L’esclavage est conforme au Coran’, vous explique-t-on à longueur de temps. Alors pourquoi risquer d’aller à l’encontre de la volonté de Dieu?» Pire, depuis quelque temps les abolitionnistes –notamment ceux de l’IRA– sont la cible de prêches vindicatifs les assimilant à des «sionistes» ou des «Américains».

Pression sociale

Seul le maître est en principe autorisé à affranchir un esclave. Ceux qui tentent eux-mêmes de se libérer de leur joug doivent affronter la loi et les institutions religieuses. Lorsqu’ils y parviennent, il leur faut encore se battre pour se faire une place dans la société: ils n’ont pas de papiers, même leurs noms –typiques des esclaves– trahissent leur origine.
Khali Ould Maouloud a réussi à fuir ce système. «Mon père n’acceptait plus de travailler pour le maître. Mon frère et moi avons décidé de libérer notre famille. J’avais 16 ans, mon frère 20. Nous avons quitté le village dans lequel habitait notre maître pour nous installer à soixante kilomètres de là. Mon frère a trouvé un travail qui suffisait à subvenir à nos besoins.» Le maître a bien tenté de les faire revenir, mais sans succès. Il n’a pas employé la force, mais envoyait régulièrement des notables pour tenter de raisonner les fuyards. Même libérés de l’emprise des maîtres, les anciens esclaves, et particulièrement les femmes, traînent avec eux le fardeau de leur passé. «Des années plus tard, ma sœur a dû retourner auprès de notre ancien maître et le payer pour qu’il lui signe un document attestant qu’elle était affranchie. Sans cela, elle n’aurait jamais pu se marier.»

Article paru dans le magazine AMNESTY, n°80, publié par la Section suisse d’Amnesty International, février 2015.