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jeudi 30 juin 2011

Conference sur les razzias négrières et leurs conséquences par Bwemba Bong.

Sitin du mouvement TOUCHE PAS A MA NATIONALITE




SDC13877
Les jeunes étaient nombreux pour dire non à l'exclusion des noirs des recensements.Plusieurs mouvements étaient réunis:IMEJ,conscience citoyenne,fedde jokkere endam,les étudiants,kawtal, les rappeur de jam min tekki, et des personnalités indépendantes dont des conseillers municipaux comme ba yacoub,sy abdoul et tous étaient là pour dire trop c'est trop.Chapeau à nos doyens n'diaye saydou,balas,diallo youssouf et ba mamadou alassane représenté par sall ousmane.La presse nationale a brillé par son absence,heureusement la presse internationale était au rendez vous.Toutes les communautés étaient présentes.
Prochain sit in jeudi 7 juillet à 10 à l'agence de recensement d'elmina.Fidèle à ses habitudes la dictature a envoyé ses sbirs(la garde nationale) mais aucune force ne fait trembler notre génération engagée et dévouée à la cause.


La lutte continue.
Abdoul Birane Wane
www.flere.fr

lundi 27 juin 2011

Les deux hommes qui ont empêché les criminels au sein de l’armée Mauritanienne de dormir


 

 Diagana Mamadou Youssouf et Dia Ousmane


DIAGANA Mamadou Youssouf dit Ibnou est né à Kaédi en 1960. Il effectua ses études primaires et secondaires dans cette ville avant d'aller passer la terminale à Nouakchott. Après le baccalauréat en 1982 et à l’issue d’un concours d’Officiers de l’armée nationale qu’il a réussi en Octobre 1982. il intègre l’école Militaire Interarmes d’Atar   (l’EMIA ) pour une formation de 2 ans. Après sa formation, Il fut muté à la 2éme région militaire dans les unités opérationnelles à Bir Moghrein avant d’être envoyé en spécialisation en France en 1986 à l’école de cavalerie de Saumur pour une formation en armes blindées et cavalerie.
A son retour en Août 1987, il a été muté au GABAN (Groupement Blindé de l’Armée Nationale), jusqu’aux évènements du coup d’état imaginaire de 1987 dont le dictateur sanguinaire, cerveau du racisme d’état en Mauritanie, l’idole du général Ould Abdel Aziz  Mr Maouiya Ould Taya s’est servi pour  opprimer en toute impunité les noirs. Diagana Mamadou Youssouf  a été arrêté avec beaucoup de frères d’armes et amis. En 1988, mutation  à l’EMIA comme commandant de Brigades des jeunes sous Officiers de l’armée où il a servi jusqu’à leur arrestation le 06 décembre 1990 sous le fallacieux prétexte d’un autre complot de coup d'état qui n’a existé que dans le cadre imaginatif du chauvinisme primaire des  Bassistes et le Nasséristes pour l’aboutissement de leur projet de dénégrification de la Mauritanie. Il est actuellement Président de l’Organisation Contre les Violations des Droits Humains (OCVIDH),  il est membre fondateur de plusieurs ONG de Droits de l’homme en Europe dont OCVIDH, CAMME, AVOMM, COME et d’autres structures informelles CODIMAU, CSGP ,FNDD-France etc… pour la promotion des Droits de l’homme en Mauritanie. C’est un  militant  implacable contre le racisme, l’impunité des tortionnaires, contre l’esclavage, pour la démocratie et pour l'établissement de la vérité sur les tueries extrajudiciaires et toutes les autres formes discriminatoires qui entravent l’unité nationale pour que surgisse l’essor de développement de la Mauritanie riche de ses ressources nationales et de sa diversité multiculturelle.
Diagana Mamadou Youssouf n’arrive toujours pas à faire le deuil de son frère d’arme, camarade, compagnon de lutte, l’ex-officier de l’armée Dia Ousmane paix à son âme qu'il appelait copieusement  « la force tranquille  de la diaspora Mauritanienne». Il témoigne larme aux yeux sur son caractère d’un militant sincère des Droits Humains inoubliable, un combattant des libertés, un proche des victimes, un homme de terrain, un rebelle contre tous les arbitraires et toutes les injustices en Mauritanie. Diagana Mamadou ne cessera de  me répéter Dia Ousmane  a été un homme discret, humble, sociable, stratège surtout très efficace sans fanfaronnade ni grosse tête.

Diagana Mamadou Youssouf , Dia Ousmane et  leurs plaintes contre Elarby Ould Zidenne Ould Sidi Ali premier vice président de l’actuelle assemblée nationale, Soumaré Lassana stagiaire à l'école de guerre à Paris en 1995

En 1995 grâce les réseaux de renseignements pour la traque des tortionnaires, confirment la présence de deux colonels en stage à Paris alors qu'ils étaient tous les deux commandants de régions militaires pendant les arrestations arbitraires des militaires Négro-africains en novembre 1990, cependant les régions que commandaient ces deux colonels ont également été secouées par des violences, le colonel Elarby était même responsable du camp tristement célèbre de Jreida, assumant le commandement de la 6éme région militaire par intérim en l'absence du colonel  Ould Sabar, qui est le titulaire du poste, malade en évacuation sanitaire en Algérie, ou il succomba suite à une longue maladie.Quand  au colonel Soumaré Lassana un négro-africain actuellement à la retraite,  commandait la 3éme région militaire, responsable moral de cette garnison ou il y a  eu des arrestations arbitraires et d'autres traitements inhumains et dégradants qui nécessitent que chacun répondent de ces actes. En tout état de cause, les témoins, responsables ou présumés coupables, souhaitent, une justice indépendante et que  toute la lumière soit faite sur cette période sombre de l'histoire de l’armée nationale.Les deux colonels ont  pu se s’extirper de leur séjour en France, à cause de la lenteur de la justice française et la procédure d'enquête interne au sein du ministère de la défense, ayant relevé que le nommé Elarby Ould Ziddeine n'existait dans leur caserne  et jugeait la requête irrecevable jusqu'à l'exfiltration très malicieuse de deux colonels en 1995, pendant que leurs victimes: Diagana Mamadou Youssouf, Diallo Mamadou Samba et Fall Demba, se battaient  comme des lions pour que justice se fasse.
Depuis Elarby a gravi tous les échelons et haut commandement, il était Chef d'état Major jusqu'au coup d'état qui balaya Maouiya Ould Sid 'Ahmed Taya, il occupe actuellement la fonction du premier vice président de l'assemblée nationale  et député en toute impunité, pendant que les victimes du camp de Jreida continuent de demander justice, vérité  et réparation.
Il est  à signaler que l'affaire Ely Ould Dah, n'est arrivée  qu'en juin 1999, après  plusieurs tentatives de plaintes avortées, sur Boilil, Elarby etc....du réseau Diagana Mamadou et ses compagnons de lutte.
Puis d'autres cas similaires Le colonel Kébirou, exfiltré vers l'Espagne, le colonel Lekouar, dans sa fuite précipitée, oublie les bijoux en or de sa femme dans un hôtel huppé de Paris, que  l'ex- ambassadeur en place Dah Ould Abdi  récupère (mystérieuse affaire non élucidée)
Feu Dia Ousmane est arrivé en décembre 1997 rejoindre son ami Diagana, dés son arrivée connu pour son sérieux au pays par son rôle de rassembleur et sa probité a été   élu à la tête de l'Avomm, que Diagana, Ndongo, Thierno Diacko et Diallo Mamadou Samba avait crée  juste après l'affaire Elarby où il y a eu constat de déficit d'association des Droits de l'homme d'aides aux veuves et aux rescapés restés au pays dans le dénuement total..Ainsi donc, après plusieurs réunions au Foyer d'Aulnay sous bois dans les chambres de Thiam Souleymane Ex trésorier des Flam et de Yall Aliou tous membres des Flam, il a été décidé  la création de l'AVOMM, et de la décision d'y faire part à tous les militaires présents en France afin d'organiser une assemblée générale permettant  de présenter, le projet,  ses statuts et règlement intérieurs pour amendement , puis  son adoption.
Le mandat de feu Dia Ousmane  a été remarquable, le premier geste humanitaire  en direction de nos veuves et rescapés  a été mis en marche, l'envoi des médicaments, des cuisinières, des frigos et de nombreux matériels de cuisines  au profit de ces derniers mais sous la supervisons du Docteur Dia Alhousseynou.
Ils  avaient decidés à l'époque de créer des restaurants à ces veuves afin qu'elles puissent élever les enfants des martyrs laissés au pays sans assistance mais compte tenu des difficultés et des divergences énormes entre les unes et les autres, l'ONG s'est éloignée de l'idée.
Alors Dia Ousmane et Diagana amis depuis l'armée mauritanienne, ayant servi ensemble au  GABAN (groupement des blindés) à Fdérick, se comprennent et se complètent parfaitement ont décidé de continuer la traque des tortionnaires.
En juin 1999  grâce aux mêmes réseaux d'informateurs, ils ont été informé du stage de leur ancien ami capitaine Ely Ould Dah à l'école d'administration de Montpellier.
Il est à rappeler que Ely Ould Dah et les deux ex Officiers se connaissaient trés bien et avaient tissés des liens assez amicaux et cordiaux pour avoir servi ensemble à Fdérick à la 2éme région militaire
Diagana Mamadou se rappelle encore en Septembre 1987 de l'arrivée du sous lieutenant Ely Ould Dah à Fdérick, muté pour la première fois  ou il a fallu s'occuper promptement de ces jeunes officiers en les logeant au mess des officiers dont il était le gérant sans aucun moyen matériel et financier et cela avait permis de nouer une amitié et une confiance entre eux jusqu'aux tristes événements de JreidaEly officier de sécurité militaire est devenu méconnaissable.
Pour le reste en  aout 2000 pendant que feu Dia Ousmane était président et Diagana Secrétaire général de l'Avomm, éclate une crise au sein de l'association  pendant que les deux avaient identifiés formellement leurs tortionnaires à Montpellier suite à une confrontation.
Les uns et les autres  ont reproché à la direction d'avoir permis à Baby Housseynou l'obtention des papiers, pendant que le régime soupçonnait Baby d'être en intelligence avec les opposants notamment  la direction de cette ONG.
Sous   la persistance et des calomnies, les deux amis ont fini par démissionner avec deux autres amis pour aller créer   L'OCVIDH  le 03 octobre 2000 et Dia Ousmane assura la présidence en acceptant le siège à son adresse à Massy et en effectuant les démarches administratives auprès de la sous préfecture de Massy.
Depuis lors précisait Diagana, Massy est devenu le symbole de la lutte des Mauritaniens.
Il est à remarquer la franchise, le sérieux de l'amitié entre ces deux hommes jusqu’à la mort s'en suive  ce 20 Mars 2010 à l'hôpital de Ris Orangis




2-L’historique du procès Ely Ould Dah

C’est une première en France ! Le 24 octobre 2002, la Cour de Cassation rejette le pourvoi d’Ely Ould Dah et renvoie l’affaire devant la Cour d’Assises pour crimes de torture sur le fondement de la compétence universelle.
Au nom de deux victimes, la FIDH et la LDH, avec le soutien de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme, membre de la FIDH, et les associations de victimes mauritaniennes ont engagé, le 4 juin 1999, une procédure pour l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du capitaine mauritanien Ely Ould Dah. Ce dernier, à l’époque des faits incriminés, officier de renseignements de la base de la prison de Jreida, est accusé d’actes de tortures contre des militaires négro-mauritaniens en 1990 et 1991.

Mis en examen en juillet 1999 pour crimes de torture puis libéré sous contrôle judiciaire, Ely Ould Dah a pu s’enfuir en Mauritanie malgré une assignation à résidence en France. La justice le rattrape aujourd’hui.

L’article 689-1 du Code de procédure pénale établit la compétence universelle des tribunaux français pour connaître du crime de torture en application de la convention de 1984 contre la torture. Cet instrument essentiel de la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves n’a jamais, à ce jour, été utilisé à son terme en France. L’unique exemple de son application pénale dans le monde demeure le procès des génocidaires rwandais en Belgique.

Ce nouveau procès arrive à point nommé dans un contexte politique et juridique de dénigrement qui vise à limiter les effets de la compétence universelle. Le procès même par contumace d’Ely Ould Dah constitue ainsi un espoir pour les victimes des crimes les plus graves comme ceux, parmi beaucoup d’autres, commis au Beach de Brazzaville, au Rwanda, en Tunisie, au Tchad...

Pour les victimes, pour la FIDH et la LDH et pour l’exemple, l’arrêt de la Cour de cassation française représente une victoire importante.

Rappel de la procédure :

Avocats de la FIDH et la LDH : Maitres BAUDELOT et OTTAN
Avocats de Ely Ould Dah : Maîtres Luc ABRATKIEWICZ et Gérard CHRISTOL
  • Le 4 juin 1999, la Ligue des droits de l’homme et la Fédération internationale des Ligues des Droits de l’Homme ont engagé une procédure pour l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de l’officier mauritanien, Ely Ould Dah, auprès du procureur de la République du tribunal de Montpellier sur le fondement de l’article 689-1 du Code de Procédure Pénale qui établit la compétence universelle des tribunaux français pour connaître du crime de torture, incriminé par l’article 222-1, en application de la convention de 1984 contre la torture suite à la plainte de deux ex Officiers de l'armée mauritanienne Diagana Mamadou Youssouf et Dia Ousmane Samba
  • Ely Ould Dah est mis en examen pour « crimes de torture », par la chambre d’accusation de la cour d’appel de Montpellier.
  • Ecroué le 2 juillet 1999, Ely Ould Dah est mis en libération sous contrôle judiciaire, le 28 septembre 1999, à la demande de ses avocats.
  • Le 5 janvier 2000, les avocats d’Ely Ould Dah ont déposé une requête en annulation de la procédure. Elle a été plaidée le 17 février 2000.
  • Le 14 mars 2000, les juges de la chambre d’accusation ont rejeté la requête de la défense, considérant que la procédure ne comportait pas de vices de forme.
  • Le 5 avril 2000, Ely Ould Dah fuit la France et retourne en Mauritanie. Une enquête est ouverte en France pour déterminer les circonstances de sa fuite.
  • Par une lettre du 30 juin 2000 le juge d’instruction demande la communication du dossier de procédure au procureur.
  • Le 25 mai 2001, le juge d’instruction a rendu une ordonnance de mise en accusation d’Ely Ould Dah devant la Cour d’assises.
  • Le 20 juin 2001, l’avocat d’Ely Ould Dah a fait appel de l’ordonnance de mise en accusation. La régularité de ce recours est incertaine car il pourrait avoir été déposé hors délai. De plus la régularité de la notification de l’ordonnance de mise en accusation est elle-même mise en cause.
  • Le 08 novembre 2001, la Chambre de l’Instruction de Montpellier a déclaré irrecevable l’appel d’Ely Ould Dah comme tardif. L’avocat d’Ely Ould Dah a donc formé un pourvoi en cassation.
  • Le 06 mars 2002, La chambre criminelle de la Cour de cassation a cassé la décision de la chambre d’instruction de Montpellier et renvoyé l’affaire devant la Cour d’appel de Nîmes. C’est la régularité de la signification de l’ordonnance de mise en accusation qui justifie cette cassation, cette ordonnance n’ayant pas été signifiée dans les formes requises, le délai d’appel n’a pas commencé à courir et il ne peut donc pas être déclaré tardif.
  • Le 8 juillet 2002 la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Nîmes ordonne la mise en accusation de Ely Ould Dah devant la Cour d’assises du GARD.
  • Le 15 juillet 2002, Ely Ould Dah se pourvoit en cassation.

Apres l’effort,  la récompense

COMMUNIQUE DE LA  FIDH  APRÈS LA CONDAMNATION D’ELY OULD DAH À 10ANS D’EMPRISONNEMENT ASSORTIE D’UNE AMENDE DE 15 000 EUROS POUR LES PLAIGNANTS.

1er juillet 2005, la Cour d’assises de Nîmes a rendu une décision historique en décidant de condamner à la peine maximum de 10 ans de réclusion, le capitaine mauritanien Ely Ould Dah pour crimes de torture sur des militaires négro-africains en 1990 et 1991. Bien que s’agissant d’un procès par défaut, la FIDH, l’AMDH et la LDH rappellent que Ely Ould Dah était représenté par ses avocats. La Cour a répondu par l’affirmative à l’ensemble des chefs d’accusation pour avoir commis directement, ordonné et organisé des actes de torture au « camp de la mort de Jreïda ».

« Aujourd’hui, je pense aux morts, à mes amis décédés suite aux tortures commises à Jreïda. Pour moi qui ai attendu 14 années ce jour, c’est une nouvelle vie qui commence », a déclaré Ousmane Dia, une des 5 parties civiles.

« La FIDH se félicite de cette décision, qui marque un pas incontestable dans la lutte contre l’impunité, dans le sens où elle a permis pour la première fois en France la mise en œuvre de la compétence universelle. Ce principe qui permet de juger un ressortissant étranger pour des crimes particulièrement graves commis dans un pays tiers, est le seul, dans des situations d’impunité totale comme c’est le cas en Mauritanie, qui permette le droit à un recours effectif pour les victimes », a déclaré Patrick Baudouin, avocat des parties civiles et président d’honneur de la FIDH.

La FIDH, l’AMDH et la LDH rappellent que Ely Ould Dah a pris la fuite en 2000, suite à une décision de libération sous contrôle judiciaire et qu’il demeure protégé par les autorités mauritaniennes actuellement, qui, non contentes de ne pas exécuter le mandat d’arrêt international délivré contre lui - et confirmé par les juges de la Cour d’assises de Nîmes hier - l’ont récemment promu.


Je vous remercie infiniment.

Diko hanoune
La lutte continue

Conférence de Biram Ould Dah Ould Abeid du samedi 25 juin 2011 à paris


Le président de l' Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de Mauritanie, Biram Dah ABEID de passage à paris à tenu une conférence le samedi 25 juin 2011 en fin de matinée dans une salle de réunion de la maison des associations du 20e arrondissement de paris.

Après voir souhaité la bienvenue aux invités, le président à lancé un appel à la résistance à la diaspora Mauritanienne car en Mauritanie l’humanité et des droits d’hommes et femmes sont nies.






Source: Boolumbal.org

dimanche 26 juin 2011

Hommage aux martyrs qui sont tombés sous les balles du racisme d'état en Mauritanie de 1987-1992.

 
Saidou Amadou N'diaye 

Hommage aux martyrs qui sont tombés  sous les balles du racisme d'état en Mauritanie de 1987-1992.
Les trois premiers martyrs avaient rendu l'âme à dieu, le 6 décembre 1987 à J'reïda. Il s'agit de Bâ Seydi, Amadou Sarr et de  Saydu Sy.
95 militaires ont péri à Inal dont les 28 pendaisons pour commémorer l'indépendance nationale. Leurs compagnons d'armes sont morts entre Azlat, Nbeïka et Jreïda.

Saidou Amadou N'diaye

samedi 25 juin 2011

TOUCHE PAS à MA NATIONALITÉ

TOUCHE PAS à MA NATIONALITÉ

Suite aux recensements injustes déstinés à écarter les noirs Mauritaniens,nous vous annonçons la création du mouvement TOUCHE PAS à MA NATIONALITE.Ce mouvement qui regroupe plusieurs forces vives du pays entend mener des actions directes et continues pour faire plier le régime.Rejoignez nous pour la première manifestation de grande envergure que nous organiserons et dont la date vous sera communiquée.Ensemble  luttons contre l'exclusion.
Abdoul Birane Wane

Source:

vendredi 24 juin 2011

Vidéo: La vérité sur les conditions exécrables des victimes de l’esclavage

 Vidéos qui démontrent la cruauté d'un système  d'état  qui se réponse sur l'esclavage et  le racisme en république Islamique de Mauritanie. Les épris de la justice doivent intensifier La lutte contre les discriminations en Mauritanie avant que cela n'explose pour préserver la stabilité du pays. Merci à Tous


Intervista ad un ex schiavo 1 from Ossin.org on Vimeo.



Intervista ad un ex schiavo 2 from Ossin.org on Vimeo.



Intervista ad un ex schiavo 3 from Ossin.org on Vimeo.



Intervista ad uno schiavo 4 from Ossin.org on Vimeo.



Schiavitù in Mauritania - Reportage from Ossin.org on Vimeo.








jeudi 23 juin 2011

L'esclavage en Mauritanie:une esquisse de débat

L'esclavage en Mauritanie:une esquisse de débat
Notre péché originel n'est pas celui issu de cannan fils de cham mais d'avoir vendu les nôtres à notre propre détriment en nous étripant au bénéfice des autres races.

L'homme noir doit être réhabilité et pour ça nous devons revisiter notre histoire, l'assumer en tirer les conséquences et nous appuyer la dessus pour notre réhabilitation. Nous devons cultiver une estime de nous même non au détriment d'autrui mais pour le respect de soi même dont dépendra  le respect réclamé à l'autre.

Pour abonder dans le sens du débat je vous livre en partage de lecture la conclusion de Tidiane Diakité sur "LA TRAITE DES NOIRS et ses acteurs africains".

Je vous laisse méditer. 

Début de citation

Le Portugal fut la première nation qui ouvrit la porte du marché aux esclaves africains destinés à l'exportation vers l'Europe puis l'Amérique. II fut, avec l'Espagne, la dernière nation à refermer, sous la pression anglaise puis internationale, l'entrée des ports d'Afrique, d'Europe et d'Amérique aux navires négriers, ce qui sonna le glas de quatre siècles et demi de commerce d'esc1aves africains à travers l'Atlantique.
 
 
Pourquoi les Noirs et pourquoi si longtemps ?

Jadis, des chrétiens européens furent réduits en esclavage par des musulmans parce que jugés «infidèles». Durant la même période, des musulmans furent réduits en esclavage par des Européens chrétiens parce que « mécréants ». Le Nouveau Testament interdit de réduire des chrétiens en esclavage comme le Coran interdit de réduire des musulmans en esclavage, tandis que l'Ancien Testament ordonne de libérer ceux qui seraient hébreux à la septième année, l’année sabbatique.
 
Tous ces interdits ne furent pas respectés au cours des siècles, loin de là. Mais si des Noirs furent réduits en esclavage par les Arabes musulmans et par les Européens chrétiens parce que descendant mythiques de Cham et sans religion (du Livre), donc païens, des Africains animistes réduisirent eux aussi d'autres Africains animistes en esc1avage. Sans toutefois tenter de se justifier par leurs croyances religieuses.

La traite atlantique aurait-elle atteint cette dimension si l'attitude de la papauté aux XVI" et XVII" siècles avait été aussi ferme à l'égard de la traite des Noirs qu'elle l'a été au sujet de l'assujettissement des Indiens d'Amérique, le phénomène ayant été initié et soutenu par des nations catholiques d'Europe ?

Si la traite fut incontestablement un crime contre l'humanité parmi les plus odieux, cette «barbarie jusqu'alors inconnue dans l'histoire de la barbarie », ses criminels sont à rechercher en Europe et en Afrique. Mais on ne peut s'exonérer de cette question fondamentale : comment des Africains noirs ont-ils pu, à une telle échelle et pendant si longtemps, vendre des Noirs africains ? Pour Voltaire« il est surprenant de voir des hommes vendre leur liberté, leur vie,  leurs concitoyens aussi tout étourdiment que font ces malheureux noirs. »
Sans la participation active et intéressée des Africains eux-mêmes, la traite atlantique n'aurait eu ni l'importance ni la durée qu'on lui connait.

La seule nuance à apporter est que les sources écrites qui décrivent les pratiques, l'attitude et les logiques des acteurs africains, rois et intermédiaires divers, proviennent quasi exclusivement d'auteurs européens : récits de voyages, rapports et mémoires de capitaines et marchands négriers, de directeurs de forts ou de missionnaires religieux.

Ce défaut de documents écrits émanant de rois ou de chefs africains porte quelque préjudice à l'évaluation globale et définitive de la dimension africaine du phénomène, dans la me sure où de tels témoignages auraient pu servir de contrepoint permettant de mieux cerner les vrais mobiles de l'action de ces protagonistes autochtones. Cependant le nombre considérable, la persistance, de même que la concordance des témoignages étalés sur la très longue durée accréditent le rôle des Africains non dans le déclenchement, mais dans la persistance et la gravite du phénomène, même si force est de reconnaitre que la traite atlantique eut ses majors, mais aussi ses intermittents, ses figurants sans grade au statut improbable et ses « malgré eux ».
Quoiqu'il en soit, 1'« abolition» et 1'« abolitionnisme » sont avant tout le fait des Européens voulant proscrire un phénomène vieux de quatre siècles et demi et qu'ils avaient eux-mêmes initié.

Par sa durée exceptionnelle, la traite atlantique eut des effets multiples. Si l'on ne peut avec exactitude en évaluer l'ampleur sur les plans économique, social, psychologique et démographique, deux effets du trafic négrier restent cependant immédiatement perceptibles, palpables et quotidiens et ils n'auraient pu être sans cette participation active des rois et chefs africains.


Le premier de ces effets, né de ce climat trouble fait de désordre, de méfiance et de terreur au quotidien se résume dans la fragmentation extrême des peuples et des consciences (sans doute ancienne en Afrique, mais accentuée par la traite), dans une déstabilisation et une insécurité profondes imprimées dans l'âme africaine, se traduisant par la peur ; la peur de l'autre, du voisin, du Blanc. Phénomène amplifié plus tard par la colonisation qui signifia pour l'Africain une perte totale de repères, le tout culminant dans un sentiment d'infériorité vis-à-vis de l'Européen, du Blanc d'une manière générale.

Le second effet est aussi permanent que pernicieux : la dégradation durable de l'image de l'Africain et du Noir en général, devenu au fil des ans cet être singulier, mi-animal, mi-objet, vendu à la criée, par paquets, ou sur les marches au milieu des chevaux et des bibelots. L'expression « traite négrière» ou « trafic négrier» en est la vivante démonstration car les rois africains n'étaient pas plus estimes des Européens que leurs sujets qu'ils leur vendaient. Ils furent par conséquent victimes des mêmes préjugés, d'où la dénomination si expressive de « roitelets nègres » associée à « traite négrière. » Cette dévaluation morale finira par rejaillir sur l'Afrique entière et constituer un des multiples rémanents de la traite. Cela ne s'arrêta pas avec la fin officielle du trafic esclavagiste qui portait en germes tous les préjugés antinoirs

Du XV" au XVIe siècle, les rois africains étaient considérés comme des païens dont il fallait arracher les sujets malheureux au paganisme diabolique pour les élever aux lumières salvatrices du christianisme. Ces souverains ainsi que ceux qu'ils vendaient n'étaient pas encore perçus comme des « sous-hommes ». Mais à partir du XVIIe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle qui marqua l'apogée de la traite atlantique, le monde entier, et l'Europe en particulier, fut imprégné du spectacle insolite et des réalités de la traite sur les côtes d'Afrique : des Noirs donnant la chasse à d'autres Noirs pour les vendre aux Blancs sous le patronage de rois qui n'étaient plus désormais que roitelets nègres sanguinaires, expressions inconnues du Moyen Age au XVIe siècle. Entre le XVIe et le XVIIe siècle, l'image des souverains africains s'était tachée de l'empreinte esclavagiste qui recouvrit tout le continent. Cette image devenue ainsi celle de l'Africain en général fut en partie à l'origine de la négrophobie et des thèses racistes pseudo scientifiques du XIXe siècle en Europe et aux Etats-Unis. Les théories sur l'inégalité des races et l'infériorité de la « race» noire ne pouvaient trouver meilleur terreau pour s'épanouir.

La conséquence la plus désastreuse et la plus handicapante de la traite, pour 1'Afrique d'aujourd'hui, n'est pas tant la ponction démographique d'hier que la plaie non cicatrisée. Les effets de la traite ne sont pas seulement matériels, ils sont aussi culturels et psychologiques. Son impact peut encore être pris en compte dans réévaluation de l'Afrique contemporaine, mais sans victimisation pérenne stérilisante. On ne peut vivre éternellement sous le poids du passé.

En réalité, parmi les nombreux sous-produits du commerce des esclaves et de la participation active des Africains à ce trafic, se trouve ce qu'il conviendrait de qualifier de « culture de traite. » II s'agit d'un abandon de soi devant les produits matériels en provenance de 1'Occident et de la tentation du gain facile et rapide par des moyens condamnables.
La principale caractéristique de la traite atlantique, au-delà de l'aspect humain ou humanitaire, fut inégalité et contraste : inégalité des profits et contraste des effets. Les rapports qui lièrent les Européens aux Africains durant ces cinq siècles furent des rapports dis- symétriques.      .
Les Africains commencèrent par donner aux Européens de la poudre d'or contre de la poudre de fusil, puis des hommes contre des armes pour se combattre et se détruire, afin de fournir encore plus d'hommes pour avoir plus d'armes ... Ce faisant, ils devinrent les pyromanes de leur propre destin. Les Européens allumèrent 1'incendie, mais les Africains alimentèrent le feu.
Si les XVIIe et XVIIIe siècles sont considérés comme les siècles obscurs de l'Afrique, ceux qui suivirent ne furent pas plus lumineux. A la traite devait succéder la colonisation qui eut, parmi ses mobiles évoqués, l'extinction du brasier allumé sur les cotes africaines depuis le XV" siècle. Etant incapables d'arriver eux-mêmes à bout du sinistre par leurs propres moyens, les Africains ne pouvaient par conséquent, en aucune manière, résister à la pénétration coloniale dont ils avaient préparé le terrain. Ils ne pouvaient résister ni militairement, ni techniquement, ni même passivement.
La résurgence en Afrique, principalement en ces lieux de sinistre mémoire de la traite atlantique de jadis, d'une nouvelle forme d'esclavage dont les enfants sont les victimes est une preuve de la permanence de cette « culture de traite ». La décontamination des esprits ne fut pas programmée après l'abolition officielle du trafic des esclaves. Une telle « désinfection mentale » reste à faire car les germes de la traite sont encore vivants sur le continent africain. Du temps de 1'apogée du trafic négrier à nos jours, le niveau technique et technologique de l'Afrique n'a pas varié comparativement à celui des pays occidentaux, hier acheteurs d'esc1aves. La colonisation, qui succéda à la traite, n'a pas œuvré pour combler ce vide. L'écart est encore plus grand aujourd'hui. L'Occident avec ses techniques et sa science produit encore plus et plus facilement de choses qui, toutes, tentent les Africains, lesquels n'ont pas les moyens de les produire eux-mêmes ou ne s'en donnent pas les moyens. Ils restent par conséquent dépendants dans ce début de XXIe siècle, comme naguère, des produits européens et du mirage de l'Occident.

La « mentalité de traite », est donc cette autre plaie de l'Afrique contemporaine qui doit requérir l'attention de la communauté internationale et mobiliser la conscience des Africains eux-mêmes. Cette mobilisation permettrait de toucher aux racines profondes de l'un des obstacles majeurs à l'évolution de leur continent. Ce n'est certainement pas le procès des acteurs européens de 1a traite des Noirs, demandé par certains, qui ferait progresser l'Afrique, bien au contraire, car rien ne sert de gémir sur les fers du passé, sur 1a mémoire de 1a traite et de la colonisation. Et si, aujourd'hui, des chefs d'Etats africains réclament une indemnisation financière de la part des Européens pour cause de traite atlantique, il serait juste qu'ils exigent aussi réparation auprès des descendants de tous les rois et chefs africains qui, naguère, ont fait 1a promotion du commerce des esclaves pour en tirer de considérables profits. Ils feraient preuve ainsi d'une salutaire pédagogie pour leurs peuples.

Si la traite des Noirs a constitué un phénomène unique dans l'histoire, le comportement des Africains entre eux, durant toute la période où ce trafic d'êtres humains s'est pratiqué, est aussi d'une terrifiante singularité.
Fin de citation
Assumons nôtre histoire et avançons. Cette abomination et ces  conséquences sur l’homme noir quelque soit son statut, l’enrayer  de la planète doit être un impératif.  A nous d’y prendre conscience.

Djibril BA

mardi 21 juin 2011

IRA-Mauritanie (Section Sénégal) Conférence/Débat 2/4




nitiative de Résurgence pour le mouvement Abolitionniste
(IRA- Mauritanie)

Communiqué

Une délégation de IRA- Mauritanie, comportant MM. Brahim Ould Bilal Ould Abeïd et Cheikh Brahim Ould Oudaa, a effectué, du 18 au 20 Juin 2011, une visite de travail au Sénégal, sur invitation de sa coordination à Dakar. Ce séjour aura permis à la mission du mouvement abolitionniste de prendre contact avec les organisations et organismes de droits humains résidant dans ce pays ; l’objectif étant leurs sensibilisation, leurs information  et leurs mobilisation contre les manœuvres dilatoires du régime mauritanien issues de son entêtement absolu à refuser toute application des lois promulguées et les conventions ratifiées en matière de lutte contre les pratiques ignominieuses de l’esclavage, tout comme la démystification de la détermination du pouvoir à protéger vaille que vaille les esclavagistes et leur système féodale.
Au cours d’une conférence organisée, à cet effet, à la faculté des sciences et techniquesM. Brahim Ould Bilal est  revenu sur les principales étapes du parcours de IRA- Mauritanie dès sa création, particulièrement depuis le 13 Décembre 2010, date de l’arrestation arbitraire de quelques leaders du mouvement le président M. Biram OuldDah Ould Abdeïd. La conférence était l’occasion de rappeler la non-violence de IRA- Mauritanie et partant ses actions légitmes malgré les nouveaux instruments de combat qu’elle a su inaugurer pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles, d’une part ; et venir à bout de ses auteurs et leurs nombreux protecteurs tapis dans l’ombre des rouages de l’Etat (autorités exécutives, juridiques, sécuritaires, militaires, traditionnelles…), d’autre part.
La conférence a, par ailleurs, été marquée par la présence massive de plusieurs responsables d’organisations des droits humains, particulièrement celle de personnalités mauritaniennes de renom à l’instar du professeur universitaire Monsieur Abderahmane N’Gaïdé aux côtés de plusieurs autres compatriotes parmi eux des intellectuels, des étudiants et leaders d’opinion. Tous ont vivement contribué à l’enrichissement de la communication du conférencier. Ils se sont arrêtés sur les nombreux sévisses et provocations du régime lesquels contrarient les membres de IRA à exercer, en toute liberté, leurs droits constitutionnels. Ils ont dénoncé les sanctions de l’Etat à l’encontre des esclaves libérés lesquels font l’objet du délaissement des pouvoirs publics en, dépit des sommes faramineuses mobilisées à cet but et dont abusent les prévaricateurs de l’axe Etat- système minorité.
Le conférencier a, enfin, rappelé que, tout en refusant de reconnaître IRA- Mauritanie, l’Etat mauritanien continue, en revanche et à la surprise générale de délivrer, envers et contre tout, des récépissés à des organisations « cartables » suscitées rien que pour nuire à IRA, son président, Monsieur Biram Ould Dah Ould Abeïd et porter préjudice au combat mené contre l’esclavage.
Les participants ont condamné l’état actuel des droits de l’homme en Mauritanie, tout en exprimant, à cette occasion, leur surprise, leur déception voire leur indignation quant à l’existence encore en Mauritanie, en ce 21ème siècle, des pratiques d’esclavage par ascendance. Ils ont réitéré, à l’unanimité, leur soutien indéfectible au combat que mène le mouvement, en rappelant son caractère patriotique tenant au droit de vérité le seul capable d’accorder à ce fait tout le droit et toute attention mérités de manière à éviter au pays et à la nation toute entière les affres d’une haine et un spectre de guerre pouvant découler de la persistance d’un tel fléau grave qu’est l’esclavage.
Dakar, le 19 Juillet 2011
IRA- Mauritanie
Coordination de Dakar



samedi 18 juin 2011

« Tout Maure se considère comme aristocrate créé par Allah pour vivre aux dépens des autres »

L'ESCLAVAGE EN MAURITANIE par Louis HUNKANRIN
Les Maures considèrent les Noirs, en général, comme des captifs. Mais les Noirs qu'ils ont pu jusqu'ici capturer et réussi à mettre sous leur Joug sont, en particulier, les indigènes du Soudan et du Sénégal, ces Colonies étant à proximité de la Mauritanie et se trouvant aliéné être les greniers où ils vont, tous les ans, s'approvisionner en vivre3 dont leur pays désert est dépourvu et en captifs dont ils ont besoin pour leurs divers travaux, considérant eux-mêmes tout travail comme un déshonneur.
Les tatouages que portent encore la plupart des captifs et les idiomes de leur pays d'origine dont ils ont Jalousement gardé l'usage, permettent de les identifier et de ■se rendre compte de la proportion dans laquelle les diverses races du Soudan et du Sénégal ont payé des-tributs à la captivité en Mauritanie.
Au premier rang sont les Bambàras et les Senoufos,
races qui ont fourni et fournissent le plus gros effectif;
des troupes sénégalaises et dont on connaît la qualité;
essentielle : « Résistance stoïque aux fatigues et aux privations»    I
Viennent ensuite les Sarakholés, les Toucouleurs, les Bobos, les Mossis, etc.
Aux yeux des Maures, les captifs sont, ni plus ni moins, des bêtes de somme. Ils les gratifient de coups comme telles et leur donnent n'importe quoi à manger
Pour eux, pas do logis, pas de vêtements, pas de « mariage en règle, pas de droits, pas de garantie. Leur seul droit et leur seule garantie contre les coups, c'est le travail à outrance, le travail nuit et jour, sans trêve, sans repos, et sans mauvaise humeur.
Les captifs ou captives appartiennent corps et biens à leurs maîtres et ne peuvent disposer de rien pour leur bien-être personnel. Leur vie appartient aussi au Maître qui peut la leur ravir quand bon lui semble.
Nombreux sont les captifs ou captives qui ont été, ainsi, tués, assassinés par leurs maîtres, les uns pour fainéantise, à ironie ! Les autres, pour sorcellerie.
Exemple : La mère de Tésylm minte Abderramane,
tuée par son patron Mohamed Nava à Tidjikja pour fainéantise.    Béko, père de la captive Moukhère, demeurant a Tidjikja ; sa mère, Temba ; sa sœur, Sullka, tous tués à Tidjikja même par leurs maîtres, Hassen et Hammoud, pour sorcellerie.
La captivité ne s'éteint qu'à la mort de la victime ou à sa libération. De père en fils, les captifs sont la propriété de leur maître et subissent le même sort. Chose du Maître, celui-ci peut les revendre ad libitum, sans que personne ait rien à dire.
Il suffit que l'un des époux soit en état de captivité
lors du mariage pour que l'enfant issu de ce mariage
soit également captif.    i
Ainsi, les enfants que les Tirailleurs et les Français  mêmes ont eus avec les captives sont des captifs suivant les coutumes barbares, sauvages des Maures. Voici un exemple frappant que tout le monde peut toucher du doigt: L'ancien Commandant du Cercle du Tagant, le Chef de Bataillon Anselme Dubost, fut épris d'une captive nommée JôhéraiL Qui donc ne convient Ici avec Pascal. Que « le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas  »
De leur alliance naquit un enfant, prénommé Mohamed. Cet enfant, ayant été reconnu par son père, touche, comme tous les métis de la Mauritanie, une pension mensuelle de vingt francs (20 francs) à lui allouée par l'administration.
Eh bien ! Malgré son titre de métis issu d'un commandant de Cercle ayant commandé le Cercle môme du1 Tagant (Tidjikja, Moudjéria, Tichltt), Mohamed Dubost est resté captif entre les mains des Maures et subira quand il sera en âge de travailler — il n'a maintenant que quatre ans — au même titre que les autres captifs, les tourments réserves aux captifs. Il subira ces tourments avec la connivence de l'administration représentée par les affairistes et anciens collègues de son père, cette administration pour laquelle son père avait sacrifié sa vie, sans que personne ne puisse intervenir, la colonisation, pour nos civilisateurs d'aujourd'hui, n'étant qu'une affaire commerciale, et business in business, comme dit l'Anglais.
Mais l'heure n'est plus de badiner avec la loi. Les captifs n'en peuvent plus. Ils sont exténués,  Ils sont à bout de force, II est temps de crier aux affairistes entre les mains de qui sont les destinées de la Mauritanie : « La France d'abord... votre poche ensuite. Assez d'affaires dans une question si grave ».
L'angoissante question de l'esclavage humain en Mauritanie, la reconnaissance officielle de ce fléau par l'administration malgré les lois prohibitives en vigueur et les conséquences désastreuses qui en découlent au préjudice des victimes n'ont pas été sans émouvoir, sans indigner certains esprits humanitaires, audacieux et vigoureux, tels que M. P. K. Assamol, Médecin auxiliaire à Kiffa.
Dans un rapport officiel, vu et transmis par le Commandant de Cercle à la Direction du Service de Santé de la Mauritanie à Saint-Louis, le Médecin auxiliaire, Assamol a signalé le danger que présentent au point de vue sanitaire les errements regrettables auxquels prête la main le Gouverneur, Chef de la Colonie.
Voici en quels termes s'est exprimé ce praticien.

PROTECTION  DE LA   MAIN-D'ŒUVRE
«La Mauritanie, pays désert dans ses plus grandes parties, ne produit presque rien pour la subsistance ou les besoins primordiaux de ses habitants. Tout lui vient du Soudan et en partie du Sénégal, colonie à monoculture, qui elle aussi est tributaire du Soudan.
-Qu'une crise économique (ravage des sauterelles, inondation, ou autres causes provenant de la nature) survienne au Soudan, l'éventualité n'est que trop probable, et mette cette colonie dans l'impossibilité de fournir ses vivres, ses denrées, ce sera la famine, le désastre, la mort sur une grande échelle au Sénégal, et en Mauritanie ; ça sera peut-être une éclipse partielle pour le Sénégal, mais sûrement totale pour la Mauritanie qui nous préoccupe. La question est donc grave. Un problème dont les données doivent être examinées avec attention et conscience et dont la solution est d'un grand intérêt pour la Colonie.
«Les Maures répugnent à tout travail. Quiconque se sert de ses mains, tout travailleur, tout ouvrier, est pour eux un être inférieur, méprisable et sans valeur. Ce préjugé barbare, absurde, ce sot orgueil fait leur paresse, leur imprévoyance, leur malheur et la suprématie à laquelle ils prétendent sur les travailleurs qui sont cependant l'épine dorsale, la moelle épinière du pays.
-Tout Maure se considère comme aristocrate créé par Allah pour vivre aux dépens des autres. Aussi les travaux industriels et culturaux sont-ils exécutés :  par les autochtones, les naturels du pays que l'on désigne sous le nom générique de malem : ce sont les forgerons, les bijoutiers, les cordonniers, les tanneurs, etc. 2° par les haratines, esclaves noirs provenant, pour la plupart, du Soudan.

«En vertu du préjugé néfaste ci-dessus, les malems forment une caste méprisable, et si méprisée, qu'aucun des leurs ne peut contracter mariage avec leurs congénères de la classe dite aristocratique. Ce mépris est plus accentué, plus caractérisé pour les Noirs captifs. Ceux-ci occupent dans l'échelle sociale, aux yeux des Maures, le même rang que les animaux domestiques.
« Ils cultivent de maigres champs de mil. La récolte, pourtant infime, ne suffit évidemment guère à leurs besoins personnels. Pour comble sous le nom de « Zékat » qui n'est rien autre que le cadeau féodal (dime), ils doivent donner au Maître, suivant le besoin de celui-ci, toute la récolte ou la plus grosse partie.
« Au service de ce Maître qu'ils travaillent pour nourrir, ils sont la plupart, sans vêtements, sans logis, pendant la pluie, pendant le froid comme pendant le chaud. Souvent ils ne mangent pas à leur faim. Un plat de couscous, de « gâteau », ou les miettes des orgies (débauche, le reste où  excès) du Maître, sont la seule nourriture qu'ils ont le soir pour aller jusqu'au soir suivant. Rien d'étonnant. N'ayant rien à se mettre sous la dent lui-même, le patron aristocrate qui ne doit vivre que du travail de ses soi-.disant serviteurs, ne peut donner à ces derniers ce qu'il n'a pas, D'où la misère et tout le cortège de maux qu'elle amène.

 
Jamais le proverbe: Qui compte sur l’écuelle d'autrui dîné souvent mal n'a trouvé une si juste et saisissante application. Pour protéger la main-d'œuvre ici, il importe de combattre, par tous les moyens, les préjugés absurdes des Maures réfractaires au progrès qui font de la fainéantise un honneur ; il importe, dis-je, de combattre ces préjugés en donnant aide et assistance aux malems et aux haratines (esclaves). Dans le cas contraire, l'état de choses actuel ne peut que renforcer les préjugés, retarder la civilisation et cultiver la haine que les indigènes de ce pays ont les uns contre les autres.

« Desiderata :
  Comment protéger les uns et les autres ? Pour ce qui concerne les malems, c'est une action morale qu'il faut exercer sur la classe dite aristocratique. Il faut, tous les ans. Dans le but d'honorer, d'encourager  travail manuel et de stimuler les talents, que l'administration organise une exposition des objets d'art fabriqués par ces artisans.
Pour ce qui concerne les captifs, il est à souhaiter que la main-d'œuvre soigneusement organisée soit soustraite dans l'intérêt général, aux caprices des intérêts privés.
Les  serviteurs  doivent être liés par des contrats réguliers, légaux, à leurs patrons et pouvoir les quitter quand ceux-ci les maltraitent et ne satisfont pas à Tous les besoins. Ils doivent être autorisés à travailler moyennant une rémunération, moyennant salaire, chez les maîtres : qu'ils préfèrent. Ce qui leur permettra de subvenir largement à leurs besoins, de créer un foyer et de vivre à l'abri des cauchemars de la captivité avec les leurs.
Quant aux Maures oisifs, trop longtemps choyés,
dont les vices ont été jusqu'ici favorisés et développés, il
serait de leur intérêt qu'on les habitue petit a petit à
travailler pour gagner leur pain quotidien selon le précepte d'Allah qu'ils adorent et qui a dit : "Tu mangeras
a la sueur de ton front". Ils peuvent bien le faire; la
preuve, c'est que quand ils sont « à l'ombre », ils travaillent au même titre que les esclaves dits « haratines ».
On n'en a jamais vu qui soient morts pour avoir travaillé»,   
Depuis que ce rapport est à la chefferie au Service de Santé de la Mauritanie à Saint-Louis, qu'a fait le Gouverneur de la Mauritanie, Mr Chazal, pour enrayer le mal qui gangrène, qui décime la Colonie dont les destinées lui sont confiées ? Rien, Et il ne fera jamais rien au profit des êtres humains qu'il sacrifie aux intérêts privés, bas, mesquins, tant que les honnêtes gens qui heureusement forment encore la majorité de ce monde politique et affairiste, ne l'auront pas désarçonné et mis au pied du mur. Oui ce n'est qu'à ce prix que le pince sans rire qui tient les rênes du gouvernement de la Mauritanie, lâchera sa proie et que les milliers de noirs, sujets français, encore sous le joug de l'esclavage, en plein vingtième siècle, sur ce territoire qu'abrite le drapeau français sauront que ta France, notre Bonne Mère, qui ne fait aucune distinction entre ses fils, n'a pas la main dans le martyre qu'ils endurent.
En mai 1930, lors d'une tournée épiscopale effectuée par le Gouverneur de la Mauritanie, M. Chazal, dans ses fiefs, l'auteur de ces lignes lui fit tenir, au nom des captifs, le mémoire ci-après auquel le Gouverneur affairiste opposa un «non possumus», injustifié et injustifiable. il ne pouvait, en effet, faire autrement N'est-il pas désormais prisonnier des marchands d'esclaves? N'a-t-il pas reçu d'eux, à son passage notamment à Tamchakett, pour le maintien du trafic honteux, des cadeaux énormes : chevaux, chameaux, vaches, moutons, curiosités, articles de la Mauritanie, qu'il partagea, en collégialité, avec M. et Mme Lahore, Commandant et Commandante de Cercle du Tagant
Voici ce mémoire que nous recommandons à toutes les consciences droites soucieuses du bon renom de la France:


TAMCHAKETT. le 1" Mai 1930
Louis  HUNKANRIN
à Monsieur le Gouverneur de la Mauritanie en tournée à Kiffa (Cercle de l'Assaba)
Monsieur te Gouverneur,


A l'heure où les marchands d'esclaves du Cercle du Tagant. ligués contre moi et soutenus par certains partisans attardés du maintien de l'esclavage, préparent une attaque formidable contre moi et contre les malheureux enfants du Soudan et du Sénégal en état de captivité qu'ils désirent voir indéfiniment sous leur joug, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien me permettre de vous présenter respectueusement ma défense et de mes compatriotes opprimés qui demandent à être traité en  enfants de la France, au même titre que les autres enfants de la France et non en anime viles, en quantité négligeable.
Veuillez donc, Monsieur le Gouverneur, nous prêter quelques minutes de patience, d'attention et d'indulgence pour examiner notre cause et nous mettre à l'abri de toute calomnie.
L'existence de captifs, à côté, au su et au vu du Tribunal du deuxième degré, auquel l'article 22 du décret du 22 Mars 1924 attribue la connaissance et ce qui est pis, la répression des faits de traite ; le maintien de l'esclavage sur un territoire français comme la Mauritanie partie intégrante de l'A.O.F., où flotte le drapeau français, emblème de paix, de liberté et de justice, une telle anomalie, une telle faiblesse, sous l'égide de la France qui a pour devise : « Liberté, Egalité. Fraternité », est, non seulement une honte, un anachronisme scandaleux après vingt-cinq ans d'occupation française, mais encore un attentat à la liberté et à la vie des Noirs que tous ceux qui aiment sincèrement la France et désirent sans arrière pensée l'épanouissement de la civilisation française dans cette contrée ne sauraient approuver.

Légion sont les textes à l'encontre de l'esclavage qui ne permettent aucune excuse, aucune concession : Décret du 10 Novembre 1903 qui dans son article 75, dit: «En toute matière la justice indigène appliquera les coutumes en tout ce qu'elles n'ont pas de contraire aux principes de la civilisation française » :
Décret du 27 Avril 1848 qui a aboli l'esclavage dans toutes les colonies et possessions françaises ;
Décret du 12 Décembre 1905, qui punit de 2 à 5 ans de prison et de 500 à 1000 Francs d'amende, avec privation des droits civils prévus à l'article 42 du Code pénal, « tous actes accomplis avec l'intention de disposer de la liberté d'un individu contre sa volonté » ;
Décret du 22 Mars 1924, qui attribue la connaissance et la répression des faits de traite, au tribunal du deuxième degré ;
Nombreux arrêtés de la Chambre d'homologation de Dakar sorte de charte des captifs do l'A.O.F. qui consacrent les textes susvisés et dont voici un des plus significatifs.
« S'il existe encore dans l'Afrique Occidentale Française une catégorie de serviteurs dénommés captifs dans la langue usuelle il n'y a là qu'une situation de fait dérivant d'une longue tradition ; mais il ne s'ensuit pas que l'état de captivité soit reconnu dans les colonies relevant du Gouvernement Général,  ni administrativement,  ni   . Judiciairement
« En effet, tout indigène a sa liberté garantie par les pouvoirs locaux sans aucune condition, ni réserve ; elle existe de plein droit, sans que la reconnaissance de cette liberté soit soumise à aucune formalité ou justification quelconque. En conséquence, un droit de propriété sur une catégorie de serviteurs, commet une violation expresse de la loi, cette reconnaissance étant contraire aux principes de notre civilisation, en même temps qu'une offense à la dignité humaine. (Chambre d'homologation, arrêt d'annulation du 14 Novembre 1905, Affaire Boubou Sidihé et Fissa) »   (Voir jurisprudence de la Chambre d'homologation publiée par Gilbert Desvalons et Edmond Joucla, page 15).
En vertu des textes que je viens de mettre sous vos yeux, et que l'ai fait valoir devant le tribunal du deuxième degré de Tijikja geste que la camarilia d'esclavagistes, de marchands d'esclaves de Tidjikja m'impute à crime et dans lequel elle trouve un prétexte, voire même un droit de s'ameuter contre moi, l'ai eu la bonne fortune de faire libérer par le Commandant de Cercle. Président du Tribunal, les captifs dont les noms suivent, qui seront heureux de vous voir du côté du Législateur et d'avoir de vous des actes de libération par écrit qui leur permettront de circuler dans 1e Cercle sans être inquiétés par leurs tyrans.
fatma Marna dite N'Barqué, née à Bougouni (Soudan français), volée par les caravaniers maures à Bougouni. Vendue, revendue à Tidjikja, puis donnée en dot à la fille aînée de son maître ;  
Ses trois enfants, Bilal ould Mamoudou ; Suilme minte Mamoudou (ma cuisinière) ; Séyidé, minte Mamoudo». : Barrique et sa fille Fatma minte Barrique ; Mohamed, fils de Fatma Tésym minte Abderramane.
Les arguments que les maures esclavagistes soutenus par leurs alliés, les partisans de la manière forte, mettent en avant pour justifier l'esclavage et ses affreuses conséquences : les mauvais traitements, les sévices inhumains, le rabaissement, de notre humain au rang de l'animal, ne reposent que sur des sophisme» et ne tiennent pas debout. Passés au crible de la conscience, ils ne résistent pas à la lumière.
« Nous ne sommes pas habitués au travail avouent carrément les Maures ; nous ne pouvons nous adonner à l'agriculture, cultiver nos champs, les ensemencer, préparer nos repas, sans captif. Si nous n'avions plus droit sur les captifs, l'agriculture serait morte dans ce pays et nous mourrions tous d'inanition ».
Et sans aller au fond des choses, sans examiner à fond cette honteuse déclaration, on répond : « Oui. C’est vrai, vous avez raison, les captifs vous sont indispensables, vous êtes dans votre pays et dans votre droit, disposez des captifs comme vous l'entendez ».
D'abord, la question de la main d'œuvre agricole, culinaire ou autre a été tranchée par un arrêt célèbre de la Chambre d'homologation de Dakar en date du 26 Avril 1910. Aux termes de cet arrêt, si les Maures esclavagistes, les oisifs, les parasites qui ont horreur du travail, veulent des travailleurs, ces travailleurs doivent être libres de rester avec tel ou tel patron, qui doit contracter avec eux soit verbalement soit par écrit, « un contrat régulier de louage d'ouvrage ou de service pour une durée et un salaire déterminés. »
De captifs, taillables et corvéables à merci, menés a coups de triques, voués à la misère, à la mort, privés de tous droits, n'ayant aucune garantie, aucune protection, point.
Les règles édictées par la Chambre d'homologation, règles qui ne lèsent aucun intérêt, ni celui des Maures, ni celui des noirs captifs, et auxquelles il était facile de se conformer si les Maures esclavagistes n'avaient pas mauvais cœur, le penchant au mal, l'arrière-pensée de maltraiter les noirs captifs et de ne leur donner rien, les règles édictées par la Chambre d'homologation, dis-je, sont les, meilleures, et nous verrons tout a l'heure qu'elles s'Inspirent des principes d'humanité, des préceptes même de Dieu, Allah ou Moulanah dont les Maures prétendent être les seuls serviteurs, les seuls appelés et les seuls élus.
Allah ou Moulanah, en effet, a dit : « Tu mangeras à la sueur de ton front ».
Nul ne peut donc attendre les bras croisés que des alouettes toutes rôties lui tombent du ciel dans la bouche. I La paresse ou l'oisiveté, mère de tous les vices, à laquelle les maures esclavagistes demandent des primes, est réprouvée dans le Coran comme dans tous les livres saints. Qu'ils suivent donc sincèrement les préceptes de Dieu, les lignes de conduite tracées par ta religion, ils doivent travailler comme tout, le monde, ils doivent manger a la sueur de leur front, comme Allah a dit et non vivre aux dépens des autres.
Ils ne doivent pas, quand ils vont au Soudan ou au il Sénégal s'approvisionner en vivres qui font défaut chez I eux, voler les enfants de ceux qui leur donnent la plus
franche hospitalité, rendant ainsi le mal pour le bien ; ils ne doivent pas voler les enfants de leurs bienfaiteurs qui sont des êtres humains, des créatures de Dieu, comme eux, faire de ces créatures, des captifs dans ce désert, les priver de nourriture, de vêtements, de logements, les astreindre aux travaux les plus durs et qui pis est, les assassiner, au besoin, s'ils s'avisent de vouloir la liberté.
Le même Dieu, Allah ou Moulanah dont ils prétendent être les seuls élus, n'a-t-il pas dit : «Considère le prochain comme toi-même ; Tu ne voleras pas ; Tu ne  tueras point ; Remets ton épée au fourreau ».
A la suite des lois ou commandements de Dieu, Allah  ou Moulanah, la loi morale flétrit aussi le vol, le rapt le meurtre et dit : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit ».
Obéissant aux préceptes de Dieu, certains Maures doivent  et ils sont assez nombreux mais ils n'ont pas assez   -de force pour être écoutés et suivis ont libéré d'eux-mêmes leurs captifs sans aucune contrainte, sans autre crainte    que celle du Créateur, de l'Infini qu'ils adorent. Ce bon exemple, Monsieur le Gouverneur, est à suivre et non & rejeter, à considérer comme événement de peu d'importance.
Dans l'intérêt même des faux dévots, des hypocrites, qui s'occupent plus de leur ventre que de leur âme, on  doit imposer cet exemple magnifique, spontané, louable, I qui, après les croyances, doit ouvrir la porte du Ciel et l donner une place à l'élu à côté d'Allah ou Moulanah.       
Ainsi qu'il vient d'être démontré, les maures esclavagistes qui s'acharnent contre leurs captifs, fils de leurs bienfaiteurs du Soudan et du Sénégal, ne sont pas seulement en dehors des lois françaises et des lois morales.  Ils sont encore en dehors des commandements de Dieu ou Allah qu'ils invoquent à tout bout de champ, à tout? Propos, par hypocrisie. Ils sont au ban de l'humanité,   
II nous reste maintenant à prouver que la libération des captifs, loin de tuer l'agriculture, loin d'être une entrave, un obstacle à son développement en sera, au contraire, la prospérité et une source d'autres revenus appréciables.

L'exemple de Tichitt suffit, à lui seul, à appuyer notre thèse. A Tichitt, il y a trois tribus : les Chorfas. Les Ouied bileds et les Massénas.
Les Massénas sont des captifs noirs libérés où descendants de captifs libérés par les Maures eux-mêmes avant l'occupation française. Est-ce à dire que l'administration française n'ait rien fait dans ce sens à Tichitt ? Non ! au contraire, le Capitaine Marquenet a libéré par écrit plusieurs captifs qui ont grossi le nombre de ceux libérés par les Maures eux-mêmes. On voit encore entre les mains de plusieurs -familles, à Tichitt et même à Tidjikja, des actes de libération délivrés par lui. A sa suite, le Commandant Dubost, alors Capitaine, en a libéré un bon nombre également
J'ai eu l'honneur, moi-même, de faire libérer quelques-uns qui étaient sous le Joug des Chorfas, par le Commandant Dubost.
Eh bien ! de toutes ces libérations, il n'est résulté aucune perturbation, aucun trouble, aucune entrave au progrès de l'agriculture. Au contraire, les Massénas, qui ont à leur tête un chef de leur race, forment aujourd'hui la tribu, la fraction la plus puissante, la plus active de Tichitt et ce sont ceux qui s'adonnent le plus a l'agriculture.
Ce résultat et celui obtenu récemment à Kiffa, village de six ou sept cases en 1923, aujourd'hui ville animée comprenant boutiques, succursales des maisons de commerce européennes et plus de cent cases bien bâties à l'européenne grâce à la libération des noirs captifs ordonnée par les Gouverneurs Fournier et Choteau, donnent Je plus formel démenti aux arguments sophistiques, aux, affirmations Intéressées des Maures esclavagistes et de leurs partisans.
Les captifs libérés, travaillent pour leur propre compte, n'étant plus forcés de donner le fruit de leurs peines aux Maures oisifs, parasites qui attendent les bras croisés le pain quotidien, chacun vaquant à sa besogne, suivant les préceptes de Dieu, nul n'étant plus autorisé à vivre aux dépens des autres, tout le monde travaillant la main dans la main sous la vivifiante maxime j « Aide-toi, le Ciel t’aidera». Maures et Noirs ajoutant au patri moine commun, les ksars s'agrandiront, la prospérité viendra souriante, et l'on n'aura plus la tristesse d'assister à ce spectacle navrant des joies insolentes des marchands J d'esclaves à côté des pleurs intarissables, des gémissements indescriptibles des captifs.
Puissent les Commandants du Cercle soutenir cette belle cause qui, bien défendue, facilitera leur tâche mieux que la tolérance coupable du mal, la violation systématique des lois, qui gène leur action et le progrès de la civilisation.
« 11 faut, disait Jonnart, que ça et là, se dresse, visible À tous, un symbole de la bonté française ».
Les villages de liberté, des Libéria, des espèces de tribu des Massénas, où flottera majestueux le drapeau français, seront, dans chaque région un symbole de^la-bonté française. Puisque ce symbole est possible. Mon-, sieur le Gouverneur, ce symbole que recommande la justice, qu'exige l'intérêt bien compris de la France, nous nous permettons d'espérer que vous n'hésiterez pas à le dresser, visible à tous, non seulement à Tidjikja, mais encore dans les autres Cercles où la même question se pose.
Les partisans du maintien de l'esclavage, mus par des intérêts personnels, vous diront: «Attention, vous allez mettre l'administration en mauvaise posture vis-à vis des populations qui vont s'enfuir. »
Chanson que tout cela ! Les Maures savent la France puissante, inattaquable et ont, au plus haut degré, la crainte de l'autorité française à laquelle ils obéissent à l'œil et au doigt. Sans cœur, sans courage, il ne leur viendra jamais à l'idée de faire quoi que ce soit contre la décision souveraine du Chef de la Colonie, décision qui serait, du reste, inspirée par la loi, par l'humanité, par la logique et par les préceptes mêmes du Seigneur qu'ils adorent. Il suffit d'afficher cette décision au poste, au marché, et à la mosquée pour calmer et assagir tout le monde.
Encore une fois nous donnons en exemple le résultat obtenu è Tichitt en collaboration avec les Maures mêmes, et celui que l'administration vient d'enregistrer à Kiffa, grâce aux initiatives prises par les bons et honnêtes Gouverneurs Fournier et Choteau. A Tichitt, Maures et Noirs sont fondus ensemble et se donnent la main. A Kiffa, également Lorsqu'on aura réalisé les mesures énergiques qu'exigent les circonstances, lorsqu'on aura repris Ja politique libérale do MM. Fournier et. Choteau, il en sera de même à Tidjikja et ailleurs. La morgue qui caractérise aujourd'hui les Maures esclavagistes vis-à-vis des Noirs, fier sagement place à d'autres sentiments plus nobles.
On vous dira encore : « La libération des captifs amènera dans les ksars — nous faisons Ici allusion à une affiche au Capitaine Lahore, Commandant le Cercle du Tagant — une grande affluence de prostituées». Je ne crois pas que cet argument vaille la peine qu'on s'y arrête longtemps. Chacun sait, en effet, que s'il y a des maladies  vénériennes au Kasar de Tidjikja parmi la population civile indigène et dans la garnison du poste militaire ce ne sont pas des captives déguenillées, couvertes de haillons, privées de liberté, ne pouvant bouger sans la permission ^ de leurs tyrans, qui les ont importées à Tidjikja. Au* a contraire, il est avéré que les  «bidanes» de race qu’ils y  regardent le travail comme un déshonneur, recourent à tous les moyens pour s'engraisser afin d'être mieux prisées par les hommes, et qui vivent de la prostitution 'qui est un honneur chez elles, sont les seules causes i ; déterminantes des maladies vénériennes imputées à tort  aux malheureuses captives que ne courtisent, du reste J
    que les captifs.
Aucun des arguments dont se font forts les Maures esclavagistes et leurs partisans, ne plaide en faveur de leur vilaine cause.
Le titre de propriété sur leurs victimes, titre dont ils
se targuent insolemment, bruyamment, sans honte, ne
repose que sur le vol, le rapt, crime prévu et puni par la
loi. Autour du rapt se réunissent tous les éléments substantiels de faits de traite : Vente, achat, aliénation de la liberté, tortures, etc.

Le tribunal du deuxième degré ne saurait rester inactif, contemplatif devant ces faits de traite qu'il a le devoir de réprimer. La France, soucieuse des intérêts de tous ses enfants, a mis des armes redoutables entre leurs mains pour flétrir cette honte, cette offense à Ta dignité humaine.
11 doit fonctionner dans l'intérêt des deux races en contact et dans celui de la civilisation dont il est la sauvegarde.
La situation intenable dans laquelle se débattent les captifs dans ce désert depuis de longues années a duré assez longtemps. Il est temps qu'on y mette un frein.
Au nom de la France dont, vous êtes le Représentant, il Monsieur le Gouverneur, au nom de ses lois tutélaires il vous voudrez bien libérer tous les captifs du joug qui les "oppresse.
En consécration de ce geste de justice et ou nous marquerons tous, non dans le sable du désert* mais sur le marbre, vous voudrez bien faire luger et réprimer sévèrement pour donner l'exemple, les cas qui ont été soumis au tribunal du deuxième degré de Tidiikja, faire délivrer les actes de libération aux intéressés, leur donner des terrains à cultiver pour leur propre compte, avec un chef pour veiller sur eux, s'occuper de leurs intérêts et les représenter auprès de l'administration.
D'avance, confiants, ils vous remercient et crient avec moi :
Vive la France bonne et juste ! Vive Monsieur le Gouverneur ! Vive la Mauritanie libre et prospère Je suis etc.

L. HUNKANRIN.
Les captifs n'ayant pas ce que possèdent les Maures
Esclavagistes : des cadeaux alléchants qui seuls peuvent
aller droit au cœur du Gouverneur affairiste, celui-ci
s'est montré insensible à leur cri d'alarme, et, depuis son
(passage, les Maures s'emparent d'eux à qui mieux
et achètent de nouveaux captifs avec la connivence des Commandants de Cercle, ses béni-oui-oui,
A Tamchakett (Cercle de l'Assaba), durant le mois d'Août 1930, une convention fut passée à la Résidence même qui céda pour mille francs (1.000 Francs) à un chef maure du nom de Moctar Hatra, les captifs et captives ci-après, dont les Maîtres décédèrent et qui, croyant à l'institution des tribunaux du premier et deuxième degré, demandèrent en vain leur libération du joug de l'esclavage :
Mohamed Rahal et son fils, Sidi ; Ses frères et sœurs :
Ahmer Salme sans enfant
Misabe minte Souleymane 1 enfant nommé Salke : Mihaîte minte Mahémide, 1 enfant nommé Mohamed;
N'Bale minte Sinabé
Séyidè minte Mahémide;
et leur mère Fatma N*Barqué minte Mohamoud
Cette malheureuse famille, comprenant dix personnes
a été vendue en somme, 100 Francs l'individu.
Faut-il serrer les dents et les poings devant cet acte de « mission civilisatrice et humanitaire »?
Voici une autre preuve du rang peu enviable qu'a réservé le Gouverneur Chazal aux êtres humains qui. selon l'expression du Médecin auxiliaire Assamoï. «sont l'épine dorsale, la moelle1 épinière de la Mauritanie ».
Quelque temps après sa tournée, M Chazal, ardent j partisan de la traite des noirs, ayant constaté des déficits notables dans le budget sans contrôle de la Mauritanie, s'en est pris aux Commandants de Cercle en leur ; reprochant de n'avoir pas assez usé de la manière forte traditionnelle pour recouvrer ces impôts, et sans en chercher davantage la véritable cause, 11 les somma de se mettre en campagne pour trouver de quoi combler les trous.
Comme il n'y a plus d'autres matières imposables dans ce désert, certains Commandants de Cercle, pour avoir les bonnes grâces du Gouverneur marchand d'esclaves, s'attaquèrent aux captifs et taxèrent ceux-ci comme bestiaux au pouvoir de leurs maîtres.
«Puisque, disent-ils aux Maures, la taxe annuelle d'un mouton est de 2 F. 50 et, que le bétail humain doit 'coûter un peu plus cher que les animaux proprement dits.  vous allez désormais — c'est l'ordre du Chef de la colonie  — payer pour chaque captif que vous détenez la taxe de cinq moutons c'est à dire 12 F. 50.
Ainsi dit, ainsi fait.
A la militaire, on recensa tous les captifs et depuis j lors, on voit des Maures qui n'ont aucun mouton et qui payent des taxes pour 10, 20, 30, 40... moutons, selon le nombre do captifs dont ils disposent.
Point n'est besoin d'être prophète pour deviner que l'administration de M. Chazal, en instituant cotte nouvelle taxe qui rabaisse l'être humain au rang de l'animal, n'est pas encore prôto à mettre un frein à la traite des noirs, en Mauritanie, à ce trafic honteux, indigne de la France, et contre lequel doit s'élever tout bon français
Les noirs qui font les frais de cette politique ne!le, antifrançaise, sont tous des sujets français au même titre que leurs frères des autres colonies du Groupe Ils sont dignes de pitié, dignes de Jouir de la liberté que garantit la loi à tout indigène de l'A. O. F.
Nous avons soumis leur cause à la Ligue des Droits de l'Homme. Il est impossible qu'elle s'en désintéresse.
Aux termes du décret du 22 Mars 1924 (article 28) le tribunal colonial d'homologation de Saint-Louis (Sénégal) — « où les fonctions du Ministère public sont exercées par le Procureur de la République ou son substitut, celles de Greffier, par le Greffier du Tribunal de première instance —' a dans ses attributions le contrôle de la justice en Mauritanie.
Or, ce tribunal d'homologation et le Parquet de Saint-Louis ignorent-ils l'état de captivité dans lequel se trouvent des milliers de Noirs sur ce territoire qui est do leur ressort ? C'est douteux. En tout cas voici une plainte de Mama et consorts adressée au Parquet de Saint-Louis et qui les en avait instruits, mais à laquelle, il n'a été donné, que nous sachions, aucune suite.
PLATNTE CONTRE ABDI OULD HELIVE ET CONSORTS
Éb    Tidjikja. le 10 Juin 1930
«Marna dite «Barque» el enfants. Suilme minte Mamoudou, Bilal ould Mamoudou, Séyidè minte Ma-moudou ;
Barrique et sa fille Fatma;
Tésytm minte Abderramane demeurant, à Tidjikja, à Monsieur le Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance de Saint-Louis, chargé du contrôle de la Justice en Mauritanie.
Monsieur le Procureur de la République,
« Comme suite à notre lettre du 1" Mai 1930 que vous avez dû déjà recevoir, nous avons l'honneur de porter à votre connaissance que le Capitaine Lahore, Commandant le Cercle du Tagant, a annulé motu proprio la décision du Tribunal du deuxième degré de Tidjikin. qui ' nous avait, sur nos plaintes, libérés du joug de l'esclavage — comme si notre condition dès notre naissance était d'être esclaves — et a donné l'ordre aux .Maures, marchands d'esclaves, qui se disent nos Mal-"ires, de nous capturer à nouveau et de nous maltraiter alors que notre seul tort est d'être noirs et considérés, ainsi, comme captifs'.
« Sur son autorisation, ces Maures en furie et donnant libre cours À leur» animosités, a leurs représailles, nous ont ligotés, garrotés, frappés, martyrisés, alroco-mont. Sauvagement.
« Puisque cela : avec la complicité du Capitaine Lahore. Nos bourreaux nous forcent à travailler sous le coup du manigolo, sans trêve, sans repos, à toute heure et sans rémunération, cependant qu'il y a à Tidfikja. un tribunal du deuxième degré auquel l'article 22 du décret du 22 Mars 1924 attribue la connaissance et la répression des faits de traite, prévus et punis par le décret du 12 Décembre 1905, ainsi que la répression des coups
et blessures, que le Président même du Tribunal le Capitaine Lahore. Autorise à notre égard. Vous puisez, Monsieur le Procureur de la République, dans l'article 22 du Code d'instruction criminelle, le droit de poursuivre tous crimes ou délits portés à votre connaissance, et dans le décret du 22 Mars 1924, le pouvoir de redresser les fautes, les erreurs ou illégalités du Tribunal du deuxième degré.
« C'est pourquoi, nous avons confiance en vous, et portons plainte à nouveau contre nos oppresseurs, Abdi ould Hélivè et consorts, pour faits de traite, coups et blessures, forfaitures, et demandons notre remise en liberté immédiate en conformité des dispositions combinées des décrets du 27 Avril J848, 12 Décembre 1905, 22 Mars 1924 précités.
« Veuillez agréer, Monsieur le Procureur de là République, l'hommage de notre profond respect.   
Marna dite Barque et consorts    demeurant à Tidjikja»
 Voici une autre plainte que, sur la demande du pro- cureur de la République de Saint-Louis, nous avons personnellement fait tenir à ce haut magistrat sur la même affaire du 10 Avril 1931 :
Louis Hunkanrin, ancien instituteur, à Monsieur le Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance de Saint-Louis, chargé du contrôle de la justice en Mauritanie.
« J'ai eu l'honneur de prendre connaissance de la lettre n° L 024, en date du il Mars 193.1, par laquelle, en réponse à mes plaintes, vous avez bien voulu m'inviter à préciser le nombre de lettres volées ou détournées — et depuis quelle époque — et à vous donner mon identité complète.
« Je vous remercie, Monsieur le Procureur de 1a » République, de votre réponse qui donne è penser que vous êtes décidé à rompre avec les errements regrettables qui consistent à former les yeux et à boucher hermétiquement, les oreilles quand il s'agit de crimes ou délits perpétrés en Mauritanie, et qui ont eu ce résultat inévitable de faire perdre aux justiciables placés dans le ressort du Parquet de Saint-Louis, toute confiance dans les institutions, tribunal du premier degré, du deuxième degré, etc qui les régissent.
« Vous^'invitez, non pas à taire tel ou tel fait compromettant qui ne peut résister à la lumière, non pas à ménager telle ou telle personne, si considérable soit-elle, mais au contraire, à « enlever 3e manteau voilant hypocritement de honteuses nudités» à, suivant la formule sacramental. Dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité.
« Je vais essayer de vous satisfaire, Monsieur le Procureur de la République.
* Genèse de la consigne relative au détournement de  mêmes lettres.
« Lors de mon séjour à Tidjikfa (Cercle du Tagant).
Je fis connaissance d'une fille nommée Suilme minte Mamoudou. Elle était gravement malade, presque mourante,
et pour comble de malheur, dans le dénuement complet
' el privée de tous soins.
«Esclave, plusieurs fois esclave, car elle appartenait a plusieurs maitres, taillable et corvéable à merci, ses maîtres soutenus par le Président du Tribunal du deuxième degré, 6 ironie ! ne s'intéressent à elle que quand elle est en état de travailler et dé leur procurer de quoi mettre !dans la panse. Ses parents, également esclaves, ô misère ! Esclaves rivés à leurs chaînes, ne pouvaient abandonner les corvées qui leur étaient imposées pour s'occuper] d'elle Dieu ! oubliant mes souffrances personnelles qui ne sont rien à côté des siennes, je l'emmenai chez moi par pitié. Je fis tout mon possible pour elle et Je réussis <"i la sauver de la mort certaine à laquelle elle était vouée.
« Ses maîtres qui ne s'étaient jamais informés d'elle quand elle était sur le bord  du  tombeau,  la voyant
guérie, en état de vaquer aux occupations coutumière vinrent la réclamer pour refaire d'elle leur captive. C'est, alors que, fort des textes en vigueur contre l'esclavage, les faits de traite, que le tribunal du deuxième degré a mission d'appliquer, je m'opposai à leurs prétentions et saisis le fameux tribune.1 du deuxième degré par des plaintes en bonne et. due  forme en mon nom et. En celui des victimes.
« Sachant que j'avais la liberté de correspondance *'. pouvais donner le plus grand écho à l'affaire si In jugement ne se conformait pas au vœu du Législateur, le Pré sident du Tribunal du deuxième degré de Tidjikja, libéra Suilme minte Mamoudou, du joug de l’esclavage et peu de temps après, ses parents.
«La justice était fait et le jugement «du tribunal ayant acquis l'autorité de la chose jugée, nul ne pouvait l'annuler sans saisi? le tribunal colonial d'homologation où les victimes avaient aussi droit d'envoyer un mémoire en défense. Mais comme il fallait, s'y attendre dans les Pays où la justice devient un mythe à côté des cadeaux les maîtres de Suilme et de ses parents se concertèrent avec le Président du Tribunal du deuxième degré pour m'accu ser de vouloir troubler la sécurité du pays par la libération de leurs victimes sur lesquelles ils proclamaient, leurs droits de vie et de mort.
« Le Gouverneur, prenant en considération cett* diffamation, car • qui se ressemble s'assemble ». et sans me demander aucune explication, me déplaça de Tidjikja pour contenter les bourreaux des captifs. Et à mon départ, ces souffre-douleurs qui n'ont commis d'autre crime que celui d'avoir la peau noire et, qui ne demandaient qu'à vivre en paix à l'ombre du drapeau français, furent capturés, Ilotes, martyrisés, pour avoir voulu la liberté ô civilisations !
,        « Deux d'entre eux Suilme et son frère Bilal, pour échapper aux chaînes de l'esclavage, avaient réussi n me [rejoindre  à Tamchakett,  ma nouvelle  résidence.  Sur l'ordre du Président du deuxième degré de Tidjikja, ils [furent arrêtés sous mes yeux à Tamchakett, jetés en prison, dirigés sur Tidjikja où Us furent livrés à leurs "bourreaux après un séjour de 15 jours en prison.
« Le mil et les haricots, produits des lougans, ensemencés à mes frais, furent saisis au su et au vu du Président tribunal du deuxième degré, par les soi-disant maîtres de Suilme sous prétexte que les captifs n'ont, droit, â aucun bien être.
C'est, a la suite de cas faits ignominieux, scandaleux, qui tombent, en plein sous le coup des lois pénales, que les instructions du Gouverneur Choteau qui m'avaient accordé la. liberté de correspondance furent annulées et que l'ouï ru tut. donné d'exercer une activité toute particulière à l'égard de mes lettres.
» Nouvelle plainte avec; constitution de partie civile.
•    Ainsi qu'il ressort des lignes ci-dessus, des faits et
preuves, mon déplacement de Tidfikja n'a d'autre but
que de laisser cours aux excentricités des marchands
d'esclaves, c'est-à-dire de favoriser des crimes, des atrocités au détriment des esclaves soumis, comme tout
habitant de la Mauritanie, à l'allégeance de la France.
•    Ce déplacement n'ayant aucune base légale et étant
le fruit. d'une odieuse diffamation, d'une dénonciation
calomnieuse, je porte plainte contre le tort qui m'est
causé et demande réparation des préjudices matériels et
moraux qui en ont résulté.
« Au nom des martyrs pour lesquels J'ai été déplacé et au mien, je porte plainte contre la forfaiture, les sévices inhumains, les violations des lois dont ils sont victimes, et je prie Monsieur le Procureur de la République chargé de faire régner l'ordre et d'assurer la sécurité des justiciables à quelque race qu'ils appartiennent, de vouloir bien prendre des mesures pour faire respecter la loi à notre égard.
 

Fait à Tamchakett, le 10 Avril 1931. Louis HUNKANRIN